Avec Un atlas de l'impossible, un nom de plus est à ajouter à la longue liste des écrivains indiens contemporains, conteurs hors-pair de leur pays, dont l'histoire et la géographie sont équivalentes à celle d'un continent. Anuradha Roy a signé un premier roman superbe, tissé de toutes les contradictions indiennes, ses odeurs, sa beauté et sa laideur, sa richesse et sa pauvreté, ses religions, ses castes ... Le livre est une saga familiale, qui débute en 1907 et s'achève durant les années 50, explorant l'espace-temps en trois grands chapitres où une nuée de personnages apparaît puis disparait, certains, au fil des pages, passant de l'arrière-plan à l'avant-scène, grandissant au rythme d'un pays secoué par sa propre histoire. Un atlas de l'impossible, moins ambitieux que beaucoup de romans-fleuves indiens, s'attache surtout à l'intime, avec des portraits d'hommes et de femmes inoubliables, et surtout à l'esprit des lieux, deux maisons y jouant le premier rôle, alors que leur munificence devient délabrement, à mesure que les souvenirs remontent à la surface, comme charriés par une nouvelle mousson. La dernière partie du livre est purement romantique, une histoire d'amour sublimée par l'absence et les regrets. Les amants séparés se retrouveront-ils dans la demeure où une femme est morte, bien des années plus tôt, au cours d'une inondation ? C'est le dernier rebondissement de ce livre magique, un tapis volant qui déroule, dans un style soyeux et élégant, un demi-siècle d'histoire(s).

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le 10 janv. 2017

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