August a débarqué à Brooklyn à 12 ans. Arrivée du Tennessee avec son père et son petit frère, la jeune fille espère chaque jour que sa mère, dont elle n’a plus de nouvelles, finira par les rejoindre. D’abord confinés dans l’appartement familial, les enfants mettent peu à peu le nez dehors. Et pour affronter les rues du quartier, August se trouve des amies. Avec Sylvia, Angela et Gigi elle va grandir, fréquenter les garçons et traverser les turpitudes des années 70, de la guerre du Vietnam à l’influence grandissante de la Nation de l’Islam sur la communauté noire, de la violence des rues à l’espoir d’un avenir meilleur, des premiers amours aux premières déceptions.
Le roman s’ouvre sur l’enterrement du père. A la faveur d’un trajet en métro August croise un visage connu, pas revu depuis des dizaines d’années. A partir de là les souvenirs affluent de manière anarchique, fragments d’un passé qui semblait oublié. L’écriture est elliptique, le rythme saccadé. La narratrice mêle l’intime et le politique, la culture et la religion pour dire la place d’une adolescente noire dans un des quartiers les plus pauvres de New-York.
Procéder par petites touches n’a pas que des avantages. Les multiples paragraphes se concluant souvent de façon brutale offrent de la nervosité au récit et rappellent une construction proche de l’impressionnisme. Mais au final ces petites touches ne m’ont pas permis de discerner le tableau dans son ensemble, le roman, en manque de liant, perdant peu à peu de son intérêt pour sombrer dans l’anecdotique. Les fils du canevas ne sont pas suffisamment serrés pour qu’il se tienne solidement, c’est du moins le désagréable sentiment qu’il me reste de la lecture de ce petit roman que j’aurais pourtant aimé apprécier davantage.