Ce livre évoque avec force certaines émotions/impressions qui me sont restées après l'avoir refermé: la moiteur, la langueur, la révolte, des relents d'adolescence. C'est toujours agréable quand on ressent des choses aussi peu littéraires pour un livre écrite par une ponte de la littérature.
J'ai détesté et adoré Joseph et Suzanne, j'ai pris en pitié leur mère et les prétendants de Suzanne, et j'ai souffert pour cette population ci peu considérée (même dans le livre)... Les deux jeunes adultes sont si désespérés que seule leur arrogance survit, la mère, elle, est la fatalité incarnée, elle est sombre, moribonde, violente et aigrie. Et pourtant on compatit, elle qui a tout perdu, loin de chez elle.
Et en même temps, cette colonie, si loin des forces gouvernementales qui les a installés dans un pays au climat hostile avec peu de moyens de s'en sortir et aucun objectif d'intégration à la population autochtone.
C'est un livre poignant, qui déclenche parfois des émotions très paradoxales. La chaleur étouffante qui s'en dégage est languissante, on croit que le bouquin traîne alors qu'il ne fait que décrire une atmosphère invivable pour Joseph et Suzanne.