"Satan, come to us... we are ready!"
Ce qui frappe à la lecture de "Rosemary's Baby", c'est la construction globale du récit. Dès le début, les Woodhouse annulent un bail pour s'installer dans un appartement qui leur plaît davantage et on sait immédiatement qu'ils font une erreur fatale. La suite est dans cet ordre d'idée : les évènements, parfois anodins, ne sont jamais placés au hasard, ils ont toujours une signification bien précise que l'on ne pourra comprendre qu'une fois le livre achevé, sur un final assez glaçant mais toujours brillamment écrit. Là où le livre d'Ira Levin est très fort c'est dans sa capacité à jongler avec les différents émotions qui tiraillent Rosemary Woodhouse : à la joie d'avoir loué l'appartement de ses rêves et celle d'être tombé enceinte se succèdent la tristesse, provoquée par les morts suspectes de personnes dans son entourage, morts pas anodines encore une fois, et la colère, celle d'être peu à peu délaissée par son mari, celle de ne plus avoir le moindre contrôle sur sa vie ; trois émotions qui selon une théorie psychanalyste, seraient les piliers indispensables à la création d'un sentiment de peur, l'angoisse. Et angoisse il y a. Car les séquences oniriques (notamment le "viol imaginaire" de Rosemary), très travaillées, font mouche et permettent non seulement l'évolution de l'histoire mais également de distiller une appréhension certaine au sujet de la suite des évènements, et cela avec une écriture d'une finesse admirable. Il faut également noter que le style de Levin se caractérise par la forte rpésence de l'humour ; pas du Monty Python, bien sûr, mais une certaine légèreté, un ton qui ne se prend jamais au sérieux et ne rend la Vérité du roman que plus horrible encore, et je crois que l'humour est une caractéristiques plus ou moins essentielle à une oeuvre d'épouvante. Bien sûr, et surtout grâce au très fidèle et très bon film de Polanski, l'histoire de "Rosemary's Baby" est mondialement connue, mais le livre original vaut largement le détour : fort bien écrit, sans temps mort, il nous amène vers l'inévitable horreur que nous refusions malgré nous depuis le début. Un classique.