La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
Sohail et Maya sont frère et soeur et meilleurs amis, ils partagent tout. Jusqu'à ce que la guerre d'indépendance du Bangladesh fasse éclater le pays et les sépare.
Sohail revient de la guerre complètement transformé. Il change radicalement et embrasse l'Islam. Il se marie avec une fille qui porte une burqa et prie tous les jours sur le toit de la maison.
Maya ne reconnaît plus son frère, et ça la met en colère, elle devient agressive. Elle aimerait le faire redevenir ce qu'il était, mais ça ne fonctionne pas. Elle essaie de le convaincre jusqu'au jour où il brûle tous les livres qu'il avait. Ce jour-là, Maya perd tout espoir et s'en va.
Ayant fait des études de médecine, elle se voue aux gens de la campagne, qui n'ont pas accès aux soins. Mais au bout de six ans, elle rentre à la maison. Elle découvre Zaid, un petit garçon de 6 ans, sale et illettré. C'est le fils de son frère. Selon le Coran, il n'a pas le droit d'aller à l'école publique et Maya est atterrée. Elle décide de faire de son éducation un combat personnel.
Grâce à un ami, Maya ouvre les portes d'un journal libertaire. Elle écrit des chroniques où elle raconte la vérité de l'après-guerre que tout le monde souhaite oublier. Mais pas elle, elle ne veut pas oublier. Elle est en colère contre tout ce qui va à l'encontre de ses principes de liberté, elle ne peut accepter la religion au nom de laquelle la guerre a eu lieu. Elle ne peut supporter que son frère se tourne vers cette religion contre laquelle il s'est battu. Le peuple s'est battu pour devenir libre, et enfin faire ses propres choix. Des choix porteurs d'avenir, de modernité, de respect, et ce qu'elle ne comprend pas, c'est qu'on puisse faire le choix du retour en arrière.
Un bon musulman est un livre riche, qui nous parle aussi de la maman, très présente et très importante dans la relation de Maya et son frère. Elle reste la mère aimante malgré les choix que font ses enfants, elle pardonne tout et devient le pilier central auquel ils peuvent s'accrocher.
À travers cette histoire familiale, Tahmima Anam nous parle de la situation politique de son pays, par petites touches. La toile est remplie par le destin de Maya et Sohail, mais la couleur de fond reste le Bangladesh. Un bon musulman retrace avec justesse l'histoire du pays, en nous faisant voyager dans cette richesse culturelle, dans cette envie d'aller de l'avant, mais également celle de conserver ses racines et de rester fidèle à sa culture. Comment grandir sans perdre son identité, comment évoluer sans se trahir, ni trahir les siens ? Tahmima Anam réalise une parfaite transposition des questions bangladaises à travers Maya et Sohail, dont l'histoire rend hommage à la quête de sérénité du Bangladesh.