Après Une vie de choix, Un bon musulman est le deuxième volet de la trilogie consacrée par Tahmima Anam à l'histoire contemporaine de son pays, Le Bangladesh. Ce roman, bien meilleur que le précédent, est construit à cheval sur deux époques, 1971 : la fin de la guerre de l'indépendance, particulièrement sanglante ; 1984 : le règne de la dictature, alors que les blessures de la guerre sont loin d'être cicatrisées. En marge des événements politiques, Tahmima Anam raconte une autre guerre, psychologique celle-là, entre un frère et une soeur dont les points de vue et les modes de vie vont radicalement s'éloigner. Avec sa plume sensible, imprégnée de sensualité et d'indignation, la romancière bangladaise reconstitue une histoire familiale marquée par le traumatisme des combats et des exactions dont les séquelles influent sur le destin d'hommes et de femmes qui ont vécu l'enfer. Un bon musulman est un puzzle dont toutes les pièces se mettent en place progressivement dans une douceur douloureuse d'où la violence semble capable de resurgir à tout moment et où la culpabilité ronge insidieusement. Bien que placée résolument du côté de son héroïne, Maya, femme progressiste dans une société de plus en plus obscurantiste, Tahmima Anam ne condamne pas, a priori, le personnage de son frère, Sohail, qui trouve dans le fondamentalisme religieux la réponse à ses tourments intimes. Essayer de comprendre plutôt que juger, c'est le propos d'un roman qui s'insinue dans les détails du quotidien, les doutes et les questionnements moraux, au sein d'une grande fresque sociale et historique qui reste toujours à hauteur d'homme (et de femme).