Autant le dire tout de suite, j'avais détesté Evariste du même auteur, que j'avais trouvé d'une pauvreté désespérante d'un point de vue du sujet et d'une lourdeur crispante d'un point de vue narratif. Forcément je n'abordais donc pas la lecture d'Un certain M. Piekielny avec beaucoup d'enthousiasme. Et pourtant...
Surprise, avec ce roman l'auteur parvient à trouver l'équilibre qui manquait dans le précédent tant sur le fond que dans la forme. Le genre de la biographie romancée est intelligemment utilisé autour de ce mystérieux M. Piekielny, déjà personnage de papier sous la plume de Gary avant d'être une personne tout court. Dans l'oscilation maîtrisée entre faits et conjectures naissent ainsi de beaux passages tant sur les heures les plus sombres de l'histoire de Vilnius que sur l'oeuvre de Gary. On trouve aussi une certaine maturité dans l'autodérision dont l'auteur fait preuve, allègeant ainsi l'omniprésence du narrateur/enquêteur pour laisser un peu de place à son sujet. Ou peut-être tout simplement est-il plus facile de s'étendre sur un sujet que l'on maîtrise, cette littérature dont l'auteur parle avec une véritable passion, que sur un sujet qui nous échappe totalement, les mathématiques savantes d'Evariste par exemple...
Quoi qu'il en soit, il en résulte un roman soigné, véritablement touchant par moment, mais peut-être encore un peu trop bavard et narcissique à mon goût pour être réellement frappant, l'ennui ayant souvent pris le pas sur le reste au cours de la lecture.