Non, c'est pas mon truc, Asimov. Pourtant je peux apprécier les récits avec des robots. Que ce soit en respectant le mythe de Frankenstein ou bien pour partir dans le sens inverse avec les trois lois.


Ce qui m'emmerde, c'est pas le concept de robot gentil, c'est plutôt la pauvreté narrative des récits. Chaque nouvelle est l'occasion de prouver que les lois sont respectées. C'est bien joli... mais je dois dire que je m'en fous. Par moment, Asimov touche un peu plus profondément à l'humanité, mais la plupart du temps, c'est très superficiel. Ses personnages ne sont d'ailleurs pas très intéressants, rarement caractérisés et encore moins développés. Seule le Dr. Calvin connaîtra une petite évolution en fin des deux dernières nouvelles, mais je trouve que c'est amené trop facilement et surtout, ces nouvelles données ne sont jamais exploitées (en somme, c'est un twist de fin).


La plupart du temps, il ne se passe rien, les personnages parlent beaucoup parce que l'auteur doit installer la scène. Et en terme de science-fiction, surtout quand on décide de montrer une étape supérieure dans l'évolution des robots à chaque histoire, ben forcément, on ne peut couper à un important apport d'informations. Si bien que ça paraît un peu ridicule, lorsque deux personnages parlent longuement de leur travail, s'interrogeant sur la nécessité de leur fonction ou encore cherchant à se rassurer par rapport à un travail qu'ils vont accomplir le jour suivant : on sent bien que les dialogues n'étaient qu'un prétexte à tout expliquer au lecteur et le mettre en conditions, mais que cela est fait maladroitement.


Les meilleures histoires sont celles avec le Dr. Calvin, du moins, les trois premières (on va dire 6/10) ; c'est grâce à ce personnage qui s'avère le plus intéressant et qui permet, en plus, un point de repère non négligeable. Pour ce qui précède, c'est assez mou et nettement moins intéressant : on ne connait pas les personnages et puis on a cette impression de redite qu'on aurait évité justement en ayant des personnages connus (il y a un bien un autre personnage du précédent tome qui est présent à un moment). Le dernier récit, avec Calvin, est terriblement mauvais. Je trouve qu'au cinéma, la plupart des histoires se déroulant dans un tribunal sont chiantes ; c'est peut-être pire dans un bouquin. C'est la pire histoire parce que Asimov met des plombes à expliquer où il veut en venir, qu'il se perd dans des échanges stériles et sort sa solution d'une bêtise hallucinante (la moment où le méchant se révèle est juste ridicule car pas crédible pour un sou, malgré la 'préparation' de la veille) ; c'est de la poudre aux yeux,x une fumisterie.


Le gros défaut, c'est que c'est souvent tiré par les cheveux. C'était déjà le cas dans le premier tome. Asimov cherche toujours la solution la moins évidente possible (même si dans les grandes lignes c'est prévisibles), et par moment j'ai eu l'impression que l'argumentaire était si faible qu'on aurait pu avoir n'importe quelle autre solution. Comme si Asimov avait été chercher si loin qu'il en avait oublié quelques évidences... De plus, l'auteur a tendance à toujours construire de la même façon, ce qui rend la plupart de ses récits prévisibles dans les grandes lignes ; le cheminement pour arriver à la conclusion est d'un si faible intérêt (au fond, ils ne font que parler pour déduire ; Asimov veut juste jouer au plus malin plutôt que de développer des situations et des personnages) qu'on s'ennuie lourdement.


Le style d'Asimov (évidemment, ça me fait toujours sourire de dire ça quand il s'agit d'une traduction mais bon) n'est pas désagréable, il choisit bien ses mots, mais le tout manque de vie, d'ingéniosité (même s'il y a parfois quelques bonnes idées). Quand je lis un bouquin, j'aime lire à haute voix certains passages, c'est à la fois un bon exercice oral et une manière d'apprécier le choix des mots. Ici, il n'y a aucun plaisir à réciter 'positronique' ainsi que tous les autres termes choisis. Bon, ce n'est pas vraiment un reproche que je peux faire envers l'auteur, parce que ce n'était pas forcément son intention de travailler là-dessus, j'explique juste que c'est quelque chose que j'apprécie dans un roman. Et je précise tout de même que je peux apprécier un livre qui ne respecte pas cette volonté personnelle...


Bref, "Un défilé de robots" est finalement un livre assez peu intéressant, durant lequel je n'ai pris que très peu de plaisir (j'ai énormément soufflé durant le bouquin, me demandant combien de pages il me restait). Je ne pense pas que je tenterai la suite de cette saga, Asimov me semble avoir déjà épuisé toutes ses idées narratives. J'imagine que le seul intérêt serait de découvrir tous les robots qu'il a inventés, mais pour ça, je suis sûr qu'il existe quelque part sur le net, un site qui les référence tous, du moins je l'espère (histoire que les fans servent à quelque chose).


(bon, ben j'ai cherché, mais rien trouvé, c'est dommage ; si quelqu'un trouve une liste complète il peut la balancer ici, ça m'intéresse)

Fatpooper
4
Écrit par

Créée

le 28 avr. 2016

Critique lue 724 fois

10 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 724 fois

10

D'autres avis sur Un défilé de robots - Le Cycle des robots, tome 2

Un défilé de robots - Le Cycle des robots, tome 2
Enlak
7

Critique de Un défilé de robots - Le Cycle des robots, tome 2 par Enlak

Ce deuxième tome m’a moins emballé que le premier. Si l’on retrouve la sévère robopsychologue Susan Calvin, dont on dit qu’à force de les étudier elle ressemble d’avantage aux robots qu’aux humains,...

le 10 août 2013

10 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

121 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

108 j'aime

55