Publiée à 3 reprises par Actes Sud, la palestinienne Adania Shibli semble privilégier les textes courts (autour de 120 pages) qui n'en ont pas moins une réelle intensité. Un détail mineur part d'un crime de guerre, datant de 1949, mais seulement révélé par la presse israélienne en 2003. La première partie du livre est consacré à la reconstitution de ce crime perpétré par l'armée israélienne, à l'endroit d'une jeune bédouine, dans le droit fil d'une politique de l'époque, destinée à "nettoyer" le désert du Néguev des populations arabes. Le style de ces pages est glacial et horriblement précis. Changement de ton dans la deuxième partie de l'ouvrage qui s'attache aux pas d'une jeune femme d'aujourd'hui, qui s'intéresse à ce vieux "fait divers" et qui entreprend un voyage de Ramallah au Néguev, franchissant un à un les barrages, en tremblant. La plume de l'écrivaine se fait alors sarcastique et railleuse, décrivant par le détail la condition des palestiniens, sous contrôle et confinés dans un territoire donné. Le livre frappe par sa rigueur chirurgicale et sa manière détournée mais efficace pour évoquer un système qui fonctionne sur l'oppression et la privation de libertés. Ses qualités littéraires et narratives sont indiscutables mais sa brièveté est frustrante, autant qu'un dénouement assez peu satisfaisant.

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le 28 nov. 2020

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