McCarthy peint un portrait de l’Amérique telle qu’elle ne veut pas se voir, un rêve américain défiguré par la pauvreté, le manque d’éducation et la culture de la violence. La nature est aussi hostile que les hommes, la mort et la sexualité se rejoignent sur des terrains où elles ne devraient jamais se croiser, la naïveté devient sauvagerie, et l’innocence donne naissance au cauchemar et à un enfant du diable dont on se demande s’il comprend vraiment ce qu’il fait subir et si son défaut d’empathie vient de son manque d’éducation, de rapports affectifs normaux ou simplement du monde qui l’a créé. Quand on ferme le livre, on se demande quelle Vénus porteuse de mort a pu engendrer un rejeton pareil et en même temps l’absence de jugement lié à la technique narrative presque sans ponctuation qui nous fait pénétrer au plus profond des pensées, mêlant actions et dialogues sans se positionner pour quiconque, ajoute au malaise un profond sentiment de doute.

holymairhi
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le 6 sept. 2024

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