Bien sûr, Sacha Filipenko ne cite jamais nommément la Biélorussie dans Un fils perdu mais il est bien évident que le livre se déroule dans ce pays autocratique, inféodé depuis l'Indépendance au grand frère russe. Dans ce roman, dont le point de départ rappelle Goodbye Lenin, à ceci près que le garçon tombé dans le coma ne se réveille qu'après 10 ans, l'auteur évoque des événements tragiques contemporains et jusqu'à une manifestation monstre contre le régime, lesquels n'ont malheureusement rien changé à la gouvernance de cet État policier et liberticide. Filipenko utilise le registre du conte et parfois de l'humour très noir pour mieux nous faire comprendre comment la situation est vécue au quotidien par de simples citoyens qui pour la plupart n'ont qu'une espérance : fuir au plus vite dans une contrée moins répressive. Grâce à l'avant-propos et à la postface (écrite par les traducteurs), toutes les allusions du romancier aux personnages réels ou aux événements de ces dernières années deviennent claires et cinglantes. L'intérêt de lire Un fils perdu est grand pour tous ceux qui s'intéressent à ce qu'il se passe aujourd'hui dans la périphérie de la Russie et ce malgré le style un peu rude du livre dont le manque de fluidité et éventuellement d'émotion empêche de se passionner davantage pour son héros qui, après 10 ans de sommeil, s'aperçoit, à l'inverse de Goodbye Lenin, que absolument rien n'a vraiment changé ou alors empiré, hélas.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2022

Créée

le 6 juin 2022

Critique lue 10 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 10 fois

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13