"Ils raconteront une histoire et nous en aurons vécu une autre"

Un récit à trois voix dont un mort. L'idée est attrayante, tentante. Les deux autres sont ceux qui le cherchent, ce mort. Qui l'ont perdu. Le récit est en plusieurs partie. Il y a la présentation du corps et de ceux à qui il va manquer. De la stupeur de la mort. Puis viennent les questions, l'enquête, la découverte d'une vérité qu'il aurait peut-être mieux valu garder cachée.

Il y a le mort qui nous explique ce que ça fait d'être mort. De façon très vivante, jusqu'à ce qu'il semble devenir le décor.
Il y a Anna et ses œillères, qui veut savoir maintenant qu'il est trop tard alors qu'elle a toujours refusé de voir les détails qui auraient pu la mettre sur la piste.
Il y a Leo qui sait tout mais qui est persuadé que personne ne peut comprendre, même s'il explique, alors il ne dit rien.

J'ai bien aimé les trois voix que l'on parvient à différencier même si l'on retrouve le style, le type de formulations habituels à Besson. Cela permet de distiller l'intrigue qui, avouons-le n'est pas bien originale, ni complexe. Il nous titille avec une idée qu'il y a quelque chose de plus que ce que l'on a compris au bout d'une dizaine de pages. Il joue avec les points de vue, chacun n'a que ce qu'il sait. On se rend vite compte qu'Anna est de loin la plus désavantagée, elle qui va chercher la vérité au risque de s'y perdre. Mais finalement, il n'y a rien de plus. Ou peut-être que si mais ce n'est pas dit. Alors ce qui reste, c'est cette sorte d'analyse des ressentis, des émotions.

Ce que j'ai le plus aimé, peut-être parce que c'était pour moi une parenthèse inattendue dans le récit triste de Besson, c'est la description surprenante de l'amour d'Anna :
«[...] Un garçon qui ne vous fixe jamais de rendez-vous, qui ne vous annonce jamais quand vous allez le revoir, qui éteint les bougies d'un dîner aux chandelles, qui vous offre ses clés en vous priant de ne pas les utiliser, qui ne passe que trois ou quatre nuits par semaine avec vous alors que les semaines comptent, c'est bien connu, sept nuits, vous lui pardonnez tout ou alors vous prenez immédiatement vos jambes à votre cou et vous ne revenez jamais. »

Bon. Reste que Philippe Besson - comme son homonyme cinématographique aime mettre des dames qui travaillent tard le soir, des audi et des gros blacks de partout - semble aimer mettre des cadavres, des endeuillés, des homos et des secrets dans tous ses livres. Je vais peut-être attendre un peu avant d'en lire un autre, que ça ne fasse pas trop rengaine.
Nomenale
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le 27 mai 2013

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