Même si Un homme se révèle être très différent de l'unique roman déjà lu de Philip Roth (Le complot contre l'Amérique, une uchronie historique et politique), il comporte comme lui des aspects d'inspiration fortement autobiographique. Le protagoniste principal semble être à chaque fois le même puisqu'il traîne derrière lui une histoire personnelle similaire à celle de l'écrivain américain. Ici, le point de vue est pourtant universel. A ce titre, le titre du roman en français est presque aussi bon que celui en anglais. Everyman illustre en effet parfaitement le propos du livre, celui de raconter l'histoire de vie d'un Juif du New Jersey, homme américain moyen sans destin particulièrement marquant.
Le roman suit avec talent cet homme de sa naissance à sa mort, avec ses hauts et ses bas, ses amours, sa famille, ses collègues ... L'auteur met l'accent sur les maladies qui auront rythmé sa vie, comme pour illustrer l'idée qu'on finira tous dans un trou (de préférence creusé à la main par un noir sympathique). Notre héros y est déjà dès le début du livre. Ambiance.
Tout est écrit avec justesse, sensibilité et intériorité. Une intériorité relativisée par l'utilisation de la troisième personne du singulier alors que le lecteur pénètre pourtant profondément dans le sanctuaire des pensées et des sentiments de cet homme. La distanciation créée par les mots a marché sur moi. En filigrane de cette histoire privée, il y a celle de tous les hommes.