Bonjour.
Contre la solitude comme philosophie, un monument de 80 pages d'environ 190 000 caractères, pour un réquisitoire sans appel, sans avocat nommé d'office ni droit de réponse ? Pas même ce qui est consenti au rat de laboratoire : un possible rapport circonstancié et impartial sur l'aventure en question dans le labyrinthe si particulier de la solitude choisie, organisée, et dirigée contre le monde et contre soi-même, puisque soi-même partie du monde.
Au risque d'être seul contre beaucoup (on ne sort donc pas du sujet), il y a lieu de regretter cette graphorrhée qui ne démontre rien, ni ne démonte rien non plus. L'accumulation de situations et d'éléments ne faisant pas preuve, revenant toujours à la même situation foetale de départ martelée (couchette, étagère, plafond...), est un rouleau compresseur qui pouvait aussi bien durer 180 pages que 20 lignes, bien suffisantes si aussi bien pondues.
Prolixe et prolifique sont les deux mamelles de Georges Pérec. Et on ne peut que se féliciter de telle verve. Néanmoins, pourquoi arrêter cette vie de solitude à ses vingt-cinq ans, encore assez niaise, d'enfance pas tout à fait digérée ? Pourquoi, d'emblée, décider ex machina d'empêcher le rat blanc de parvenir au bout du labyrinthe arbitraire qu'on lui a choisi ? L'auteur, ici dans son autobiographie, n'est pas très sympa avec son personnage. Il aurait pu, en 190 000 signes, mener le labyrinthe jusque là où nous finissons tous.
Au lieu de quoi, c'est le lecteur qui, d'ennui, prématurément, finit-rat par mourir. C'est peut-être l'effet recherché.