Avec 8 romans publiés, Samir Kacimi est l'un des auteurs majeurs (arabophone) de ces dernières années, en Algérie. Jusqu'alors, en France, seul L'amour au tournant avait été traduit, avant que les éditions Actes Sud ne proposent Un jour idéal pour mourir, cet automne, qui est le deuxième livre de l'écrivain, paru initialement en 2009 et sélectionné en 2010 pour l'International Prize for Arab Fiction. Au début de l'ouvrage, un journaliste au chômage de 40 ans va s'élancer du haut d'un immeuble pour mettre fin à sa vie. Sa chute va durer à peine 10 secondes et un peu plus de 100 pages. Suffisamment de temps pour que le suicidé réfléchisse à son acte, dans un temps étiré, et pour le romancier d'imbriquer son existence à celle d'autres personnages, notamment celle d'un ami du "héros", mort quelque temps plus tôt, écrasé par un train. C'est l'occasion pour Samir Kacimi de décrire la vie des habitants de quartiers pauvres d'Alger, au travers de leur condition sociale mais aussi de leurs piteuses histoires d'amour et de certaines addictions à l'alcool et à la drogue. Un tableau sans concession d'une population marginalisée qui évite largement le misérabilisme par l'usage d'un humour plutôt noir. Le livre est bref mais riche en péripéties dans une construction habile, à la manière d'un roman choral, en jouant sur les temporalités et en ménageant quelques surprises dans un dénouement totalement inattendu. Tout comme L'amour au tournant, Un jour idéal pour mourir est un récit vif, sensuel et impertinent. Tout à fait recommandable.