Tout le monde connaît Jean d'Ormesson, le vieil homme sympathique des plateaux télés, mais peu connaissent Jean d'Ormesson, écrivain. D'ailleurs, ceux qui s'y lancent sont apparemment souvent déçus. La faute d'un homme qui parle de Chateaubriand mais qui n'en possède pas le style. La faute d'un homme qui évoque Proust mais qui n'en a pas les idées.
Et pourtant, c'est peut-être là que Jean d'Ormesson excelle. La simplicité dans l'âme, il nous partage ses impressions, son vécu. Le chemin extra-ordinaire d'un homme ordinaire.
A cela, on peut opposer évidemment les origines de l'homme, issu d'une famille fortunée à partir de laquelle le soucis financier n'était pas à craindre. Mais Jean d'Ormesson exerce un mélange d'humilité et de simplicité qui lui permet de nous inviter à franchir cette barrière et à comprendre le monde depuis son regard. Bel exploit ; j'en compte peu des comme ça.
ici, le bonhomme nous offre une vision d'autant plus touchante qu'il atteint un âge plutôt atypique pour poursuivre l'écriture. Loin d'être gâteux, il nous offre des inquiétudes bien loin des mouvements migratoires, des causes féministes ou encore des crises économiques, et c'est un grand bol d'air de voir que certains échappent à ce monopole de la préoccupation.
Ici l'auteur parle une fois encore de lui - c'est quand même le sujet qu'il maîtrise le mieux - et je l'ai trouvé même un peu moins sage que certains de ses anciens livres ; le bonhomme se permet même une descente en règle de Sartre fort sympathique.
Sinon, ça parle de plages grecques, de littérature, de femmes, ... bref, de sujets tellement plus intéressants que des sottises actuelles...