Les adaptations des œuvres de Japrisot au cinéma me sont familières, contrairement à ses livres. J'ai voulu me confronter à son style avec Un long dimanche de fiançailles puisque le film de Jeunet m'avait fait rêver, bien que j'en garde peu de souvenirs.
Il y a une recherche dans l'écriture, c'est certain. Les tournures de phrases épousent la façon dont pourraient parler les personnages à l'oral. Cela donne de l’authenticité au récit, comme si une personne ayant vécu les événements s'adressaient directement au lecteur. De plus, l'auteur saupoudre son texte de traits poétiques, qui aboutisse tantôt sur un petit détail, tantôt sur une métaphore s'étirant sur tout un chapitre.
Après, je pense que Japrisot a tendance à trop rechercher les belles phrases, au point d'en écrire des bien trop longues. Je connais et je comprends ce défaut, mais la surenchère des propositions subordonnées relatives finit par rendre des passages confus, où on ne sait plus vraiment qu'est-ce qui fait référence à quoi. Ces lourdeurs gênent aussi quand il s'agit de situer les personnages. Entre les soldats, leurs supérieurs, leurs familles et leurs amis, on se retrouve vite écrasé par une montagne de noms. Certes, l'auteur effectue parfois des rappels à travers les lettres que reçoit Mathilde, mais je n'aurais pas craché sur une éviction des personnages les plus secondaires.
Reste quand même que ce chassé-croisé d'après-guerre est correctement ficelé. On se plonge facilement dans l'ambiance amère des années 20 et on s'attache à cette jeune femme convaincue que son fiancé n'est pas mort au front. L'histoire d'amour est belle, l'ouvrage de toute évidence bien documenté, dommage que le style ternisse un peu le tableau.