Un long silence par Plume
Gary Gilmore a tué deux jeunes mormons dans les années 70 avant d'être arrêté en Utah. En demandant de lui-même son exécution par fusillade il est devenu l'un des condamnés à mort le plus célèbre des Etats-Unis.
Son frère cadet Mikal, à travers l'histoire familiale tente de comprendre le chemin de Gary et d'exorciser les démons du passé.
Après le roman de Mailer Le chant du bourreau ce sont donc les yeux d'un frère qui se posent sur la sombre destinée des Gilmore...
Plus que le récit d'une exécution, ce roman est le récit d'une famille, une famille vécue comme une malédiction.
L'auteur, petit dernier de sa fratrie a toujours vécu un peu à part de cette histoire familiale et cherche à comprendre ce qu'ont vécu ses frères avant sa naissance.
Et l'histoire est à la fois sombre et cruellement banale...
Un père autoritaire, violent et alcoolique qui a littéralement détruit ses enfants de toutes les manières possibles ou presque. Un enfer qui les marquera tous différemment, et dans le cas de Gary de la pire des manières qui soit ; en le poussant sur la voie de la délinquance et de la provocation.
Mais pourtant, résumer un homme - un criminel - à son enfance est en soit un exercice un peu simpliste et Gilmore va au-delà de çà. En s'interrogeant aussi sur la personnalité propre de son frère, sur ses conditions d'incarcération déjà très jeune dans les centres de redressement, sur l'emprisonnement et les camisoles chimiques...
Entre recherches documentaires et souvenirs, l'auteur chemine aussi le long de sa propre histoire après une longue période de quasi refoulement.
On suit donc une histoire complexe, d'une famille difficile où prône le mensonge et la violence. Et bien que sachant la fin inéluctable qui s'annonce, on est tout de même surpris par cet ultime crime stupide, irraisonné et injustifié. Comme le reste de la famille on se laisse prendre à l'espoir du repentir, de la réinsertion impossible de Gary dont on a aussi appris à connaître les souffrances et l'aspect humain au-delà de sa perpétuelle rébellion et de sa folie.
On comprend aussi combien est difficile la position de la famille, la famille d'un assassin, sans cesse jugée, punie, rongée par la culpabilité et l'incompréhension.
L'auteur nous livre toutefois un récit qui bien que parfois cru, nullement enjolivé, garde une certaine pudeur.
[Mon avis complet dans la suite...]