Conrad Castiletz est un jeune homme bien comme il faut. Promis aux plus grandes responsabilités à l'intérieur de son entreprise, marié à la fille du patron, il mène une vie tranquille et bien rodée. Chaque chose est à sa place, au bon endroit. Le petit train de la vie roule paisiblement sur ses rails, sans place au hasard. La machine est bien huilée, Conrad y a veillé. Traumatisé dans son enfance il a décidé inconsciemment de se conformer au chemin tout lisse tracé par son père et la bourgeoisie de l'époque. Jusqu'à la découverte de l'existence de la soeur cadette de sa femme, Louison, assassinée dans le même train que lui-même avait pris 8 années auparavant. Devant son portrait, Conrad réalise que son destin aurait peut-être pu être différent et qu'à force de vouloir se conformer il est possible qu'il en ait oublié d'apprendre à vivre. S'ensuit une requête à la recherche de la vérité sur l'affaire et sur lui-même.
Livre assez étrange et complexe qui m'a tout de suite plu et arrive à captiver malgré le caractère antipathique de son personnage principal vide de sentiments (mais tout a du sens) qui n'existe que par les autres et pour correspondre à leurs attentes. Ce qui est intéressant est justement de voir le cheminement du personnage, le processus intellectuel et presque poétique qui se produit en lui au fur à mesure de son enquête et l'ouvre à la vie. Je ne sais pas trop comment l'exprimer mais les longues descriptions de paysages extérieurs et de l'intérieur des villes faites en parallèle, semblent étrangement liés et se confondre avec les pensées de ses personnages, jouent un vrai rôle autre que descriptif pour le récit.
Une fin triste et très belle qui ne laisse pas indifférent et fait réfléchir.
Je suppose que le texte doit être passionnant à étudier et je n'ai pas le nez encore assez fin pour en débloquer toutes les arcanes et subtilités. C'est le charme de la littérature.