Dans L'Apparition, l'excellent film de Xavier Giannoli, un reporter indépendant enquête sur des apparitions mariales, dont une jeune fille a été le témoin. Ce qui est fait l'intérêt du long-métrage est son point de vue extérieur, avec le doute initial puis le trouble qui s'installe. Dans Un miracle, Victoria Mas ratisse plus large, essaie de capter une ambiance à travers ses différents personnages, et c'est ce qui explique le sentiment qu'elle passe un peu à côté de son sujet, n'ayant pas la place, dans un roman aussi court, d'approfondir les caractères et la psychologie d'autant de protagonistes, réduits, d'une certaine manière, à l'état d'archétypes. Parmi eux, Sœur Anne, de par la complexité de son âme, aurait pu être encore plus centrale dans le livre, et ainsi éviter au récit de s'éparpiller. Cette multitude de points de vue a pour effet paradoxal de phagocyter une intrigue qui dès lors peut sembler un simple prétexte pour décrire une atmosphère lourde, sur l'île de Batz, au large de Roscoff. En la matière, c'est une qualité que l'on ne peut dénier à l'auteure du Bal des folles, celle de réussir à nous en faire ressentir l'épaisseur. Mais le dénouement du roman, surdramatisé, n'est pas de ceux qui incitent à revenir sur la déception que constitue le traitement d'un sujet pourtant passionnant, même pour les non-croyants, et surtout pour les esprits ouverts, curieux et sensibles à la spiritualité.