C’était un retour attendu, celui de Maylis de Kerangal. Avec Un monde à portée de main, celle qui fut définitivement couronnée avec Réparer les vivants publié en 2013 chez Verticales revient dans un autre registre, moins grave, assurément moins lourd. Tout aussi bien mené ? Lettres it be vous dit tout dans cette critique sur le nouveau roman de Maylis de Kerangal.
La bande-annonce
« Paula s’avance lentement vers les plaques de marbre, pose sa paume à plat sur la paroi, mais au lieu du froid glacial de la pierre, c’est le grain de la peinture qu’elle éprouve. Elle s’approche tout près, regarde : c’est bien une image. Étonnée, elle se tourne vers les boiseries et recommence, recule puis avance, touche, comme si elle jouait à faire disparaître puis à faire revenir l’illusion initiale, progresse le long du mur, de plus en plus troublée tandis qu’elle passe les colonnes de pierre, les arches sculptées, les chapiteaux et les moulures, les stucs, atteint la fenêtre, prête à se pencher au-dehors, certaine qu’un autre monde se tient là, juste derrière, à portée de main, et partout son tâtonnement lui renvoie de la peinture. Une fois parvenue devant la mésange arrêtée sur sa branche, elle s’immobilise, allonge le bras dans l’aube rose, glisse ses doigts entre les plumes de l’oiseau, et tend l’oreille dans le feuillage. »
L’avis de Lettres it be
A ce stade de la nuit discrètement publié en 2014 aux éditions Guérin ou encore Un chemin de table en 2016 chez Stock… Un monde à portée de main n’est pas véritablement le grand retour de Maylis de Kerangal. Et pourtant, les attentes étaient fortes pour ce roman publié lors de la rentrée littéraire 2018 au côté d’autres grands noms. Tout le monde attendait en effet la nouvelle consécration d’une auteure qui compte désormais parmi les grandes plumes françaises contemporaines. Et là voilà qui revient avec un récit articulé autour d’une jeune fille réservée et pourtant pleine de douces surprises, la jeune Paula…
Il était difficile pour Maylis de Kerangal de faire mieux. Difficile de dépasser et même égaler la puissance contenue de Réparer les vivants, une puissance transposable attestée depuis sur les planches et le grand écran. Avec Un monde à portée de main, l’auteure toulonnaise renoue avec la normalité, avec un roman « normal ». On suit les pérégrinations de Paula en espérant à chaque page apercevoir l’étincelle, le brusque virage pour donner à la lecture une autre dimension. Entre rencontres hasardeurs et vocations tardives, on regarde le fil de ce récit se dérouler sous nos yeux sans croiser le chemin de la surprise. De guerre lasse, on reste sur notre faim devant ce récit un brin convenu, emmêlé dans une initiation artistique qui peine à se faire comprendre. Pas de déception cependant : on pourrait (presque) tout pardonner à l’une des femmes de lettres contemporaines les plus en verve dans l’Hexagone actuellement. Juste un petit coup de moins bien. Mais avec Réparer les vivants, le magnifique était déjà à portée de main…
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