Qu'est-ce qu'un nom? Imaginez que vous changiez de prénom du jour au lendemain. Est-ce que ça ferait de vous quelqu'un de différent? Combien de temps vos amis prendraient-ils à s'y familiariser ? Ce sont des questions intéressantes à se poser. La société d'aujourd'hui nous identifie-t-elle seulement sur un nom de baptême?

En fait, il ne s'agit là que d'un vague aspect du roman de Jumpa Lahiri « Un nom pour un autre ». Nous suivons Ashima et son mari, Ashoke Ganguli dans leur vie quotidienne, passant par l'arrivée de leurs enfants et se rendant jusqu'à la mort. Ils ne sont pas les personnages principaux, car celui-ci s'appelle Gogol, leur premier fils. Ce nom, il le détestera et en viendra même à le changer officiellement et légalement.

Lorsque je prends un certain recul pour analyser mon appréciation du livre, je suis perplexe. La raison est tout simplement qu'il ne s'agit pas d'un roman philosophique ni d'un drame extraordinaire et encore moins de fantastique. C'est la vie d'une famille d'immigrés bengalis. C'est tout de même intéressant comme écriture, j'en conviens, mais l'histoire l'est, peut-être, un peu moins.

Comprenez-moi bien, il y réside des chapitres très prenants et il y en a même un d'entre eux, concernant l'infidélité, qui m'a fait rager. J'assume. Je suis incapable de tolérer toute notion de trahison. Ça me met en colère! Alors, dans ces pages, on repère des émotions, des bouleversements tels la mort, la tristesse, mais aussi des bonheurs et des naissances. Par contre, il ne possède rien d'extrêmement fort ou de jouissif. Je n'ai pas retrouvé cette intensité qui nous laisse un bouquin en tête pendant des années. Sans être fade, c'est un peu ennuyeux, mais ce n'est pas, non plus, endormant.

L'histoire se veut un questionnement sur le multiculturalisme américain, des sentiments des gens venus s'installer ici pour une vie meilleure. C'est surtout un roman sur l'identité individuelle, religieuse, amoureuse et même nominale. Étant québécois de souche, je n'ai jamais vécu, pour ma part, ce genre de déracinement. Je me suis alors interrogé sur ce qui se produirait si je me plongeais dans une civilisation totalement différente, quelle émotion aurais-je?

L'un des points forts, ce sont les personnages. On s'y attache et tandis qu'on ferme le livre, à la dernière page, nous sommes un peu tristes. Nous le sommes également alors qu'Ashoke Ganguli décède. Nous nous y lions, donc. Nous aurions peut-être apprécié... En fait, je ne sais pas ce qui aurait pu être dit de plus, sincèrement. Ce genre d'histoire est relativement bien dans sa sobriété. Elle n'aurait probablement pas pu être écrite différemment.

Une note de 6 sur 10. Assez neutre comme résultat, car entre mon besoin d'intensité, d'émotions fortes ou de questionnements et l'attachement aux personnages dans la simplicité et le quotidien, je reste indécis. Il obtient la « note de passage » tout en me laissant un peu froid.
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le 19 sept. 2011

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Serge Leonard

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