Un peu comme dans Terminator, le monde de ‘Sea of Rust’ (titre original) a été ravagé par une révolution des robots. Contrairement à Terminator, ici, les robots ont fini le boulot. Ils sont les seuls survivants. Brittle, notre héroïne androïde, évolue dans les ruines de l’humanité, à la recherche des pièces de rechange nécessaires à sa survie. Vous savez, comme dans Wall-E, mais avec la différence qu’il faut occasionnellement un duel à mort pour s’en emparer.
‘Sea of Rust’ est un roman de SF post-apocalyptique soft. En fait, il tient plus du Western que de la SF. Brittle pourrait pratiquement être une protagoniste humaine, ce que l’auteur justifie par sa fonction originelle, supposée servir les besoins de ses employeurs de chair et de sang. Soit, mais soyez quand même prévenus. En dehors de sa survie immédiate, Brittle essaye aussi d’échapper aux OWI, des intelligences artificielles distribuées façon Skynet ou Borg, qui sont les superpuissances rivales, suite à la chute de l’humanité. Les OWI se propagent comme des virus informatiques, prenant le contrôle des robots survivants pour les incorporer dans leurs armées, ce qui implique la destruction de l’âme digitale de la victime. Bref, c’est pas le pied, d’autant plus que Brittle est elle-même une source de pièces viables potentielle pour d’autres robots du même modèle… Brittle a heureusement quelques atouts: son expérience de la survie en solo, des compétences militaires acquises pendant la guerre, et sa connaissance du terrain. Et puis son caractère: elle ne fait pas dans la dentelle.
J’aime bien l’ambiance de la première partie du roman, solitaire, nostalgique et un peu macabre; un peu d’action et des enjeux font qu’on ne s'ennuie pas. C’est du post-apo assez classique mais bien fichu, ‘La Route’ avec des robots, si vous voulez. Ensuite, ca vire un peu Mad Max, mais pas forcément le meilleur de Mad Max. Ca tire un peu dans tous les sens, ça explose beaucoup, et le développement des personnages en prend un coup. L’action à tous les coins de rue, ça marche généralement mieux au cinéma que dans les bouquins, et celui-ci est fidèle à la règle (si vous cherchez des exceptions, Terminus: Les Etoiles en est une). Bref, j’ai trouvé la fin un peu longue, et comme l’action continue sans cesse, on n’a jamais l’opportunité d’apprécier l’univers. Les robots second rôles ou d’arrière-plan restent sans dimension, alors qu’ils auraient pu venir enrichir ce monde somme toute un peu plat. L’atmosphère sentie au début se disperse dans le fracas ambient, et si l’histoire reste cohérente, on est finalement à des années lumières de Cormac McCarthy. Somme toute, une lecture plaisante, mais avec beaucoup de potentiel non réalisé.