L’histoire se déroule au début des années 60. On y découvre une famille heureuse : Paul, le père, Odile, la mère et leurs trois enfants Annie, Mathilde et Jacques. Les parents tiennent le café du village, centre névralgique s’il en est. Paul rayonne, attire les foules et suscite l’admiration de tous, y compris de Mathilde. Celle qui n’a malheureusement pas été le garçon attendu après la naissance d’Annie. Celle que Paul appelle son petit gars et qui se comporte comme tel. Celle prête à tout pour attirer l’attention de ce papa n’ayant d’yeux que pour les autres. Quand la tuberculose entre avec fracas dans leur vie, touchant d’abord Paul puis rapidement après Odile, le monde s’écroule. Dans la France des trente glorieuses, seuls les salariés ont droit à la sécu et aux antibiotiques. Pour les autres, direction le sanatorium. Quand les parents s’y retrouvent tous les deux, Mathilde et son petit frère sont placés en famille d’accueil. Alors que les problèmes de santé s’accumulent, que la ruine se profile, que les services sociaux prennent en main et sans humanité la destinée des enfants, Mathilde tente de faire face et de maintenir les siens à flot.


Magnifique portrait d’une jeune fille prête à tout pour affronter bille en tête la fatalité. Conserver les liens familiaux malgré les épreuves, subir la faim, le froid et la misère, soutenir les malades coûte que coûte, ne pas oublier sa propre vie en sacrifiant tout aux autres. Être forte mais pas invincible. S’écrouler et se relever, être soutenue et avancer. Tenir. Jusqu’au bout. Parce qu’il n’y a pas d’autre possibilité, parce que c’est ce qui donne du sens. Mathilde, admirable de ténacité et de fragilité, femme-enfant consciente d’enfiler un costume trop grand pour elle, d’assumer des responsabilités qui ne sont pas de son âge. Elle est belle Mathilde, portée par les mots de Valentine Goby, par le rythme envoûtant de son écriture sans fausse note. Un roman puissant et lumineux.

jerome60
8
Écrit par

Créée

le 19 août 2016

Critique lue 778 fois

6 j'aime

jerome60

Écrit par

Critique lue 778 fois

6

D'autres avis sur Un paquebot dans les arbres

Un paquebot dans les arbres
lireaulit
10

Lutter !

Ce sont des mots nouveaux qu’il faut apprendre, tout un lexique auquel il faut s’habituer comme quand on arrive dans un pays étranger : pleurésie, bacille, tuberculose, isoniazide, INH, Rimifon, PAS,...

le 4 oct. 2016

5 j'aime

Un paquebot dans les arbres
Kissed-by-fire
6

Critique de Un paquebot dans les arbres par Kissed-by-fire

Paulot et sa femme Odile sont cafetiers et se consacrent 365 jours sur 365 à leur café, leurs habitués. Chez eux, on rit, on danse, on chante, on fait de la musique. Annie leur première fille est...

le 19 août 2016

3 j'aime

Un paquebot dans les arbres
Tulipe
8

Résiliences

Une heureuse surprise que ce livre, alors que le sujet me faisait craindre un mélo sur le thème de la tuberculose. La première partie est carrément lumineuse, et nous fait découvrir la famille...

le 4 mars 2017

1 j'aime

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1