Ce livre est une merveille. Meilleur qu’Incandescences, et pourtant je ne pensais pas réussir à dire ça de l’un des autres romans de Ron RASH tellement j’avais aimé le recueil de nouvelles Incandescences.
En 1952 nous sommes dans une petite ville des Appalaches où les agriculteurs font face à l’évolution du pays qui veut tout couler sous les eaux pour en faire un immense lac artificiel. La vie est difficile par là-bas, à chaque jour suffit sa peine (une constante chez Ron Rash). Alors quand un certain Holland disparaît, le shérif se met en quête d’un mobile pour réussir à coincer le meurtrier. Mais dans ces terres reculées, pas facile de coincer un enfant du pays qui connait les lieux comme sa poche.
Point de départ du livre, le meurtre n’est en fait qu’un détail, puisque son vrai point névralgique est Holland. Tout tourne et arrive avec lui. Tous les personnages ont leurs qualités mais surtout leurs défauts. En général cela me suffit pour les détester un peu, mais ici au contraire c’est ce qui nous fait les aimer. Ils sont humains, avec leur sensibilité et leur fragilité qui explique pourquoi ils agissent mal. Sans excuser leurs fautes, on compatit à leur volonté de vouloir être heureux, quitte à prendre des décisions impensables.
Car oui, si ce roman est très triste il n’a en finalité qu’un but : l’épanouissement. Certains ont tout, d’autres rien. L’acharnement d’un Dieu sur quelques individus pour les priver d’un bonheur pourtant si proche en apparence. Toute forme d’amour est ici représentée. Il y a le maternel, paternel, fraternel, filiale, amical. Que de beaux sentiments loués à une noble cause qu’il est si difficile à atteindre. Et vous, que seriez-vous prêt à faire pour y accéder? Tout? Oserez-vous juger ces gens?
Au final Holland les aura réunis tout autant qu’il les aura dispersés. Un secret, comme la mer, s’il se retire reviendra toujours pour se déverser sur le rivage. On ne peut fuir ces actes, tout comme on ne peut oublier ce roman.
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