Publié sur L'Homme qui lit :
Il en aura fait couler de l’encre, cet ouvrage ! Dés la parution des bonnes pages dans divers hebdomadaires et quotidiens, puis ensuite à sa sortie en librairie, ce livre eu un effet retentissant dans la presse – et dans les discussions – , comme de l’huile versée sur un feu déjà difficile à circonscrire, celui de la désaffection grandissante des français pour François Hollande.
Je le dis en préambule, j’ai attaqué la lecture de ce pavé de plus de 650 pages sans aucun esprit partisan, car je ne milite dans aucun parti, et que faisant fi de l’hystérie désormais collective qui touche le peuple dés lors que l’on parle de politique, j’ai gardé la tête sur les épaules en lisant cet essai, ce formidable témoignage, rédigé par deux journalistes. Je suis un électeur ayant échappé à la radicalisation politique, qu’on se le dise.
Quelques semaines avant l’élection présidentielle de mai 2012, Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont proposé au candidat Hollande de le suivre dans son parcours et, s’il était élu, d’écrire sur les 100 premiers jours de son mandat. L’élection passée, un accord fut trouvé afin que les journalistes puissent poursuivre leurs rencontres mensuelles avec le président pendant cinq ans, jusqu’à l’été 2016, quelques mois avant la fin du mandat auquel il fut élu.
Ce livre est donc le fruit de leurs rencontres, officielles, qu’elles aient eu lieu dans son bureau à l’Élysée, dans l’un des salons du palais présidentiel, ou autour d’un apéritif dinatoire dans l’appartement de l’un des journalistes. Tout fut enregistré, tout fut abordé, sans crainte ni tabou. De ces soixante-et-un entretiens, les deux journalistes tirent un travail dans l’ensemble passionnant, non retouché par l’intéressé, aux thématiques regroupées dans plusieurs grands chapitres, tels que « L’homme » , « La Méthode » , « Les Affaires » , …
Lui, président, l’un des plus intègres que la France ait connus, l’un des moins obsédés par le pouvoir et ses attraits, aussi, n’aura sans doute pas été le catastrophique chef d’État si souvent dépeint.
Président impopulaire, François Hollande ne fût pas pour autant inactif pendant son mandat, et s’il reconnaît quelques mauvais choix, ou des orientations gouvernementales sur lesquelles il aura mal communiqué, il porte la nostalgie d’une présidence qui ne lui accorda aucune mémoire de ses bonnes réformes, des crises qu’il a su gérer, ou du rôle qu’il pu avoir dans la diplomatie internationale. Les auteurs évoquent « cette étrange fatalité qui colle aux basques du président : rien n’est porté à son crédit, même quand tout paraît, au moins sur le fond, pouvoir militer en son sens » .
Les auteurs résumeront à propos de l’actuel locataire de l’Élysée, qu’il « est plus un gestionnaire qu’un visionnaire. Un technocrate d’élite, pur produit de la méritocratie républicaine, doublé d’un homme raisonnable, souvent calculateur, dont la vie n’aura pas vraiment été traversée par le souffle de l’épopée… » .
Un essai épais mais passionnant, qui m’a permis de découvrir un homme discret, un président qui aura tenu la barre malgré les querelles au sein de ses gouvernements, malgré les quolibets, malgré les affaires dans son entourage politique, malgré une vie amoureuse exposée dans la presse à scandale, malgré un bilan qu’il aurait souhaité plus favorable, et qui aura tenu la plus belle promesse qu’il avait faite aux français : rester quoiqu’il advienne un président normal.