Le monde existe, point final.

Quel surprenant livre que ce psaume pour les recyclés sauvages.

On est d’abord un peu perdu face à cette montagne de progressisme. Un personnage principal non genré, du recyclage et de la ville verte à tout va, et de la bienveillance qui déborde de partout. Et puis comme une bonne tasse de thé qui prend le temps d’infuser pour révéler ses arômes, un psaume pour les recyclés sauvages confirme ses qualités petit à petit.

Passées les premières réticences sur ce monde un peu trop parfait, on finit par s’habituer et à le trouver plutôt agréable et confortable. On se demande à quel moment cet univers idéal va partir en sucette, mais ce moment n’arrive jamais. Et c’est bien là, la première force du livre. Nous faire accepter et découvrir une vraie utopie, où tout ne va pas si mal finalement.

En tant que jeune adulte occidental et plutôt privilégié, on se retrouve bien évidemment beaucoup dans les questionnements existentialistes de Dex. Si son duo avec Omphale le robot recyclé peut apparaître à première vu très classique (le personnage gentiment ingénu qui agace l’autre plus aguerri), on finit par s’attacher à eux doucement mais sûrement.

Leurs discussions évoluent tranquillement passant de l’apprivoisement et de la découverte, à des réflexions de plus en plus philosophiques. Même si celles-ci restent très simples, elles apportent tout de même leur lot de réflexions intéressantes, le tout sans jamais verser dans la prétention. Par exemple : est-ce que les robots doivent être immortels s’ils veulent se mettre au diapason des autres créatures vivantes, et eux aussi véritablement expérimenter l’existence ?

Les ultimes réponses d’Omphale à la crise existentielle de Dex à la fin du récit sont particulièrement marquantes et rassurantes à lire : “Tu es un animal Froeur Dex. Tu n’es pas autre, tu n’es pas à part. Tu est un animal. Et les animaux n’ont pas de but, rien n’a de but. Le monde existe, point final.” Cette longue logorrhée nihiliste du robot a fait écho chez moi et m’a fait beaucoup de bien.

Un psaume pour les recyclés sauvages, n’est pas forcément un chef d’oeuvre d’écriture certes, mais il ne cherche jamais à l’être. Par sa douceur, sa bienveillance, et ses réflexions tendrement philosophiques, il réussit à nous faire beaucoup de bien, et c’est déjà plus que pas mal. Et puis tout de même quel titre de livre flamboyant.