Un roman russe par Brice B
Des autofictions de l'année 2007, le plus beau buzz s'est fait autour du dernier roman d'Emmanuel Carrère publié chez P.O.L à la fin de l'hiver dernier : Un roman russe.
Connu essentiellement pour sa production littéraire (La moustache, qu'il adapta au cinéma ; L'Adversaire, son dernier roman), il n'est reste pas moins le fils de l'éminente soviétologue Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie Française.
A l'occasion de la découverte au sein d'un asile perdu au fin fond de la Russie, à Kotelnitch, d'un prisonnier Hongrois vestige de la dernière guerre, Emmanuel Carrère part en reportage sur place, et y retourne quelques mois plus tard, intéressé, intrigué et guidé par une force intérieure afin d'y réaliser un film. Le Français, comme les habitants de là-bas l'appellent, n'est pas venu que pour filmer. C'est l'occasion pour lui de faire le point dans sa vie, d'effleurer une enquête généalogique sur son grand-père maternel, de nous parler de son couple, de ses doutes, de sa vie et ses démons, pour mieux s'en libérer.
Au départ un peu rebutant parce que particulier, un brin déprimant et ennuyeux, Un roman russe nous entraîne aux côtés de cet antihéros cynique, perdu et déprimé, dans son périple à Kotelnitch, voyage ou il est allé chercher les réponses dont il avait besoin, et dont il est revenu avec plus de déception qu'autre chose.
Assez dérangeant, parce qu'intime, son ton narratif blasé nous offre un effet de caméra embarquée auquel on s'attache vite, nous rendant l'auteur plus familier, plus proche. Un livre complexe à l'image de son auteur, que l'on vous conseille chaleureusement, tant pour ses qualités littéraires que pour son contenu biographique.