Philippe Besson immerge souvent ses lecteurs dans un univers qui sera bouleversé par un événement imprévisible. Dans Un soir d’été, l’écrivain en reprend le montage. En effet, il décrit la période estivale de 1985, où les parents du narrateur sont hébergés pour les vacances chez leurs amis, sur l’île de Ré, où le pont n’existe pas encore. Le narrateur et ses copains vont quitter subitement l’adolescence suite à la disparition de l’un des leurs. Philippe Besson raconte toujours avec autant de maîtrise et de talent.
Christophe est pêcheur. Du moins il a sa place auprès de son père. Il partage sa chambre avec le narrateur à toutes les vacances depuis tout petit. François est le fils du boucher. Il accompagne son père tous les matins au marché. Le narrateur, Philippe Besson jeune, est un étudiant qui vient de finir sa première année de prépa à Rouen et rejoint pour les vacances d’été sa Charente adorée et plus particulièrement La Noue près de Sablanceaux.
À la plage des Grenettes, on y fume, on y boit. Il n’y a pas encore de téléphone portable. Seules les cabines téléphoniques permettent de se joindre. Un autre Philippe, lui, est le nouveau de la bande. Il est arrivé avec sa mère, l’hiver dernier sur l’île. Le groupe, et plus particulièrement, François a remarqué une fille, Alice, qui éveille tous ses désirs. Elle et son frère, Marc, sont des touristes, purs parisiens. L’été est le moment où sur une plage, dans un bar, une discothèque, les locaux et les touristes se mélangent et même plus si affinités !
Philippe Besson décrit, à partir d’un fait réel, le passage à l’âge adulte et la perte définitive de l’enfance : “Il faut parfois que quelqu’un disparaisse pour qu’on apprenne la valeur de la vie“. Après des heures de rencontres, d’échanges et de rapprochements amoureux, le narrateur et ses amis vont plonger dans la culpabilité et l’incompréhension puis perdre soudainement leurs innocences.
Philippe Besson plonge dans son passé et retrouve le jeune homme qu’il était. Sa tendresse pour l’époque, pour sa jeunesse, son insouciance et son avenir qui semblait radieux est palpable presque à chaque mot. Avec une mélancolie affectueuse, l’écrivain évoque une nostalgie assumée, mais pas contraignante.
En se racontant, Philippe Besson raconte toutes les jeunesses. Qu’ils tiennent le bas d’un immeuble ou comme le narrateur qu’ils s’appuient sur les ganivelles de la plage, les camarades n’échangent que des banalités, juste pour la sensation d’être bien ensemble en continuant à découvrir leur sensualité.
Que dire des furtifs baisers échangés un soir à la sortie d’une discothèque ! Ou des émois d’un soir d’été ! Philippe Besson sait nous replonger dans cette époque où tout était encore possible avec ses qualités narratives incontestées.
Encore un excellent moment de lecture et une réussite romanesque !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/12/23/philippe-besson-un-soir-dete/