Etrange sensation que celle d'entrer dans un livre comme par effraction. Un peu comme lorsque l'on arrive en retard au cinéma et que le film a déjà commencé. Au début d'Un territoire, d'Angélique Villeneuve, beaucoup de choses nous échappent, elles ont eu lieu bien avant. Nous les découvrirons, en partie, au fil des pages. La narratrice du roman vit avec un Garçpn et une Fille (ses enfants ?) qui la rudoient et la méprisent. Elle dort dans un cagibi, ne sort que pour faire les courses, coud, cuisine et récure. Elle entend mal et ne s'entend avec personne. Pourtant, elle a connu des jours heureux avec la Soeur, la Mère et le Père, le Garçon et la Fille aussi, quand ils étaient petits. Après le très beau Grand Paradis, Un territoire, récit de 150 pages, se lit d'une traite, avec fébrilité, et confirme le talent d'Angélique Villeneuve. La romancière n'explique rien, elle suggère, laisse des indices comme autant de petits cailloux qui jonchent le retour au passé. Tout l'inverse de tant de livres calibrés, où tout est calculé pour faire sourdre l'émotion au moment opportun, avec autant de spontanéité et de sincérité que le programme d'un candidat aux élections présidentielles. Angélique Villeneuve nous parle de différences et d'indifférences, de la dignité d'une femme qui va se reconstruire vaille que vaille, maille après maille. Et s'inventer un avenir au goût de liberté. Ou mieux encore, une liberté au goût d'avenir.

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le 26 avr. 2017

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