La Galice jusqu'à l'hallali
Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...
le 28 mai 2022
79 j'aime
4
Né à Saint-Pétersbourg en 1966, Vladimir Vertlib n'a passé que ses 5 premières années en Russie avant que sa famille émigre en Israël puis se fixe définitivement en Autriche. Depuis 1995, Vertlib a publié de nombreux livres mais Un zèbre dans la guerre n'est que sa troisième traduction en français, aux éditions Métailié. Eu égard à la qualité de ce roman, et à ses fortes résonances avec l'actualité, il pourrait bien être le livre qui va faire connaître son auteur plus largement dans notre pays. Impossible de ne pas penser à la guerre en Ukraine, que la parution initiale du livre a précédé, dans un récit qui raconte une ville soumise à des bombardements incessants, alors qu'un conflit oppose les forces gouvernementales à une armée de rebelles. Cette cité, d'ailleurs, telle qu'elle est décrite, ressemble énormément à Odessa. C'est par le prisme d'un homme banal, prénommé Paul, que Vertlib nous décrit la vie quotidienne d'une famille qui résiste comme elle peut à la peur, aux pénuries et à la propagande du régime provisoire. Paul, qui vient de sa faire humilier sur les réseaux sociaux, tente de reconquérir sa dignité, au moins vis-à-vis des siens mais l'entreprise est loin d'être gagnée. L'auteur a choisi le ton de la satire pour cette dystopie qui autrement aurait de quoi faire frissonner. Il tire à vue, avec un humour féroce, sur la corruption des dirigeants, la versatilité des foules, la dangerosité d'Internet, et plus largement sur la capacité de veulerie des êtres humains. Kafka et Orwell ne sont pas loin mais restent quelques îlots de tendresse, comme l'amour d'un père et de sa fille adolescente, au milieu de ce théâtre de l'absurde et de l'atroce où l'on impute aisément les temps difficiles aux étrangers et aux minorités qui dérangent. Et pendant ce temps-là, un zèbre en liberté contemple sans sourciller le chaos de la cité. Quant à Paul, il raconte à sa fille l'histoire de la femme de Loth dans une version pour le moins fantaisiste mais comment croire à quelque chose encore dans un monde qui a perdu toute raison ? A sa manière, Un zèbre dans la guerre dépasse le cadre du roman pour devenir une étude sociologique très poussée, avec en sus un véritable talent pour l'ironie mordante et pour la dérision, qui ne font qu'amplifier l'acuité et l'intensité d'un des meilleurs livres de ce début d'année.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Métailié.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2024
Créée
le 11 févr. 2024
Critique lue 27 fois
1 j'aime
Du même critique
Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...
le 28 mai 2022
79 j'aime
4
Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...
le 25 août 2021
79 j'aime
5
Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...
le 25 sept. 2021
72 j'aime
13