Entre les étés 1966 et 1967, Anne Wiazemsky va voir son existence s'emballer avec un tourbillon qui s'appelle Jean-Luc Godard. Une histoire d'amour échevelée et la rencontre de gens célèbres et brillants qui affolent la jeune femme de 19/20 ans et scandalisent sa famille. Une année studieuse est un récit autobiographique qui file à toute berzingue, façon Sagan, avec ce style souple comme un chat qui est la marque de Wiazemsky. Il y a un côté "Dropping Names" dans le livre qui pourrai-être agaçant si la romancière ne racontait pas avec l'ingénuité retrouvée de ses jeunes années et une rosissante candeur l'univers tout neuf qui s'offre à elle. En quelques phrases, elle fait le portrait de Truffaut, Jeanne Moreau, Vilar, Béjart, Bertolucci, Juliet Berto et quelques autres. Des figurants de luxe qui tournent autour du couple Godard/Wiazemsky alors que cette dernière fréquente, un temps, l'université de Nanterre, déjà en ébullition avec une bande d'excités parmi lesquels un rouquin flamboyant nommé Cohn-Bendit. Mais, bien sûr, c'est Godard qui a la vedette dans Une année studieuse. Insaisissable, capable de passer de l'agressivité grossière à la tendresse roucoulante, en l'espace de quelques secondes. JLG est imprévisible, drôle, attachant, excessif, insupportable, charmeur ... Godard, dans la famille très bourgeoise de sa future femme (la scène du mariage éclair en Suisse est désopilante), c'est un éléphant dans un magasin de porcelaine. D'autant qu'avec le patriarche, un certain François Mauriac, encore très vert, personne n'est à l'abri d'une colère homérique. Au-delà des personnages multiples qui composent le livre (honnêtement, ce n'est pas le meilleur d'Anne Wiazemsky), c'est surtout l'évocation d'un parfum d'une époque, légère, insouciante et rebelle, qui séduit, en fin de compte.