Il me semble que le titre du livre en indique suffisamment le contenu.

Le principe de ces histoires d’un art, brèves ou non, c’est que chaque lecteur y trouvera toujours une lacune à combler : il manque untel, il y a trop de place accordée à tel autre, c’est un scandale de ne pas trouver tel autre… (Promis, je me calme avec les italiques !) Le livre de Martin Barnier et Laurent Jullier n’échappe pas à la règle. Encore sais-je gré aux auteurs de mettre sur la table, au détour d’un chapitre, des notions intéressantes, tel ce « genre qui n’existe pas en tant que tel mais qu’on pourrait appeler des films d’erreurs à éviter » (p. 201).

L’approche est à la fois chronologique et thématique : une douzaine de chapitres, chacun consacré à une décennie, et traitant des grandes caractéristiques de chaque période. Ce faisant, Martin Barnier et Laurent Jullier n’oublient qu’un film est à la fois œuvre d’art et produit de consommation, une chose qu’on crée et qu’on produit, qu’on reçoit et qu’on consomme. Cette approche, qui se garde du cynisme mercantile autant que de l’idéalisme, me paraît indispensable si on veut envisager le cinéma comme un phénomène total. Du reste, cette Brève histoire, en particulier au début, ne laisse pas de côté les liens entre le cinéma et les autres arts et techniques – parce que le cinéma est aussi évoqué comme un ensemble de techniques.


Autre caractéristique de ce genre d’ouvrages : en général, on les consulte plus qu’on ne les lit. Or, non seulement cette Brève histoire du cinéma est assez structurée pour qu’on puisse aisément la consulter, avec des caractères gras pour mettre en relief ce que les manuels scolaires appelleraient des repères, mais elle peut aussi se lire dans l’ordre sans déplaisir. Et non seulement elle peut se lire dans l’ordre, mais un lecteur curieux pourra tout à fait la relire sans plus de déplaisir dans quelques années – une pratique à laquelle, cette fois, les autres ouvrages du genre se prêtent généralement assez mal.

Enfin, on y trouve évoquée, au détour d’une page sur la décennie 1940, une approche du cinéma qui me paraît à la fois riche et saine (p. 172) : « Au lieu de considérer le tête-à-tête du film et de son spectateur sur le modèle de la drogue (le rêve) ou sur le modèle du gavage (la propagande), optons pour le modèle ludique. À quoi le public joue-t-il ? »

Alcofribas
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le 2 sept. 2022

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