Essai basé sur des conférences que Virginia Woolf a donné dans des universités pour femmes, dont le sujet avait trait aux femmes justement et au roman, Une chambre à soi est une façon de répondre à côté de la part de cette écrivaine de génie.
Maniant l'ironie mais usant surtout beaucoup de réflexion et du recul nécessaire lorsque l'on est parti pris, l'auteure de Mrs Dalloway ne fait pas preuve d'animosité envers la "faction adverse", souligne que la haine ne serait pas un bon moteur mais que la création artistique doit plutôt venir de la liberté. Et d'où viennent les obstacles de cette liberté, certes construits par les hommes ?
Pour Virginia Woolf ils proviennent du manque d'argent, celui-ci étant géré par les hommes, et du manque d'espace privé, d'intimité pour pouvoir écrire tranquillement à l'abri des regards et des interruptions. Avoir une chambre à soi et une rente nécessaire pour pouvoir vivre de par soi-même. Se libérer de la dépendance.
Pas toujours tendre avec ses prédécesseurs, elle incite les jeunes femmes à écrire, pas seulement des romans, s'éloignant là encore du sujet initial de la conférence, mais aussi de la philosophie, de l'histoire, de la poésie, de la science... Se libérer là aussi de l'image de la femme bonne qu'à écrire des histoires, sous l’angle et la perception qu'elles ont, en plus, des précédentes écrites par des hommes.
S'affranchir des hommes c'est aussi s'affranchir de leur vision différente de la littérature, et de la femme en littérature.
Aller au delà des clivages, trouver cette liberté économique pour jouir d'une liberté culturelle afin de développer des créations artistiques, des œuvres de génie ; malgré cette volonté de ne pas pérorer en conclusion, Virginia Woolf le fait afin de donner un véritable élan à ces jeunes femmes, le tout avec un talent toujours aussi fantastique plume en main.
Pour montrer que la femme peut apporter quelques chose d'essentiel en littérature (et autre), dans un style différent ni meilleur ni moins bon que celui des hommes.