La parution française de "A Dance With Dragons" est enfin terminée, et l'heure est venue d'en faire un bilan. Avec le 4ème tome, dont il est en quelque sorte le miroir, ADWD partage pas mal de similitudes. Le rythme lent, l'action plus diffuse et un nombre pléthorique de personnages. Le tout nuit grandement à l'intensité du récit, même s'il y gagne en retour plus de complexité et de richesse dans le traitement de son background et de son intrigue globale.
La troisième partie, qui porte le nom du livre original, donne lieu à pas mal de révélations vraiment intéressantes et surprenantes, tant certains personnages d'emblée inintéressants deviennent puissants, et tant d'autres auxquels je m'étais attaché au fil des tomes sont tués, humiliés ou torturés. Martin est toujours aussi dur avec ses personnages, sans toutefois tomber dans l'excès. Il est cependant dommage que les nouveaux personnages soient moins charismatiques ou fédérateurs que ceux qui tendent à disparaitre. Aussi, certains personnages, dont j'appréciais beaucoup les aventures dans les précédents tomes, sont maintenant impliqués dans des histoires bien moins intéressantes, ou plus ... transitoires. On sent que ça aura une incidence plus tard, mais en attendant, on se farcit leurs chapitres assez fades et détachés des enjeux globaux. Encore une fois, c'est assez dommage.
Toutefois, on retrouve les qualités typiques de la série : des dialogues succulents, drôles et ingénieux, une situation géopolitique complexe et intéressante, un univers médiéval-fantastique cohérent, dans lequel le fantastique ne prend qu'une place mesurée et une maîtrise certaine du suspense qui fait que, même avec le style lourdingue de Martin (ou de son traducteur), j'ai dévoré le livre en moins d'une semaine ! Chaque fin de chapitre est un véritable crève-coeur, tant on a hâte de retrouver le personnage pour connaitre le dénouement de l'affaire en cours, alors que les chapitres suivants, traitant d'autres personnages, s'annoncent eux aussi passionnants. La tentation est grande de zapper quelques personnages plus secondaires, mais le plaisir ressenti lorsqu'on remarque que le chapitre qu'on attendait est enfin arrivé est assez difficile à exprimer.
Toutes ces qualités font que je tolère plus facilement les défauts pré-cités, mais on reste quand même loin de la qualité du 3ème tome (voire même du 2ème), et je ne peux mettre plus qu'un 7/10. En espérant que Martin en ait fini avec les "tomes de transition" !