Une force d’invasion alien se masse aux portes de l’espace teixcalaanli, muette et menaçante. La commandante Neuf Hibiscus n’a d’autre recours que l’option diplomatique, et c’est ainsi que Mahit Dzmare, l’ambassadrice de la station Lsel, et Trois Posidonie, son ex-chargée de liaison – encore sous le choc du récent soulèvement de l’Empire –, se retrouvent en première ligne, investies de la tâche impossible de communiquer avec cette entité hostile.
Les événements se déroulent quelques mois après la fin du tome 1, et on y retrouve la plupart de ses personnages. Les mêmes qualités aussi, qui tiennent essentiellement dans l’univers, plutôt réussi même s’il ne révolutionne pas le genre. Ce deuxième tome est toutefois beaucoup plus intéressant que le précédent. S’il reste des intrigues politiques assez fades qui n’apportent pas grand chose à l’histoire, le focus est enfin mis sur ces terrifiantes et mystérieuses attaques extraterrestres. Ici, on entre dans le vif du sujet, certes pas en ligne droite, plutôt en suivant les méandres des complots et des manœuvres politiciennes, de l’histoire d’amour contrariée ente Mahit Dzmare et Trois Posidonie, de l’intégration conflictuelle de la mémoire d’Yskandr, mais on y va ! Les personnages prennent plus d’étoffe aussi. en particulier Vingt Cigale (malheureusement beaucoup trop en retrait). Enfin, l’épilogue est satisfaisant et ouvre la porte à un troisième tome, qu’on espère encore meilleur.
Pour autant, il est difficile de s’enthousiasmer réellement pour Teixcalaan, tant les intrigues sont superficielles, comme le sont les rapports entre les personnages. Et cette sensation tenace que la sauce est allongée à l’eau claire… Le récit est vraiment très lent, les personnages mettent un temps infini à comprendre des évidences et à se décider à agir, et ils se perdent dans des conflits secondaires ou des interrogations en décalage total avec les enjeux qui leur font face. L’histoire démarre vraiment quand il ne reste qu’une centaine de pages, et on a souvent droit à une quinzaine de pages pendant lesquelles il ne se passe rien pour amener un dialogue intéressant. Le style reste assez pauvre (il faut oser l’image du sucre dissous dans l’eau pour, quelques pages plus loin, avoir droit à la métaphore du sel dissous dans l’eau… mouais). Heureusement, il n’y a plus les bizarreries typographiques du tome précédent.
Restent quelques bonnes idées qui font de ce livre un moment agréable, même si on est loin du chef d’œuvre. Ça ne l’a pas empêché de se voir décerné le prix Hugo du meilleur roman (comme son prédécesseur) en 2022 et le prix Locus du meilleur roman de science-fiction 2022.
Martine Arkady : Une désolation nommée paix – 2021
Originalité : 4/5. Les tentatives de communication avec les extraterrestres fourmillent de bonnes idées.
Lisibilité : 3/5. C’est mieux mais ça reste très lent.
Diversité : 3/5. Plusieurs histoires parallèles, chacune dans un contexte très particulier.
Modernité : 2/5. Mouais. Toujours pas hein.
Cohérence : 4/5. On sent le récit bien maîtrisé, c’est une des qualités du roman.
Moyenne : 6,4/10.
A conseiller si le premier tome ne vous a pas découragé.
https://olidupsite.wordpress.com/2024/09/13/teixcalaan-tome-2-une-desolation-nommee-paix-martine-arkady/