Une écologie décoloniale de Malcolm Ferdinand part du constat de l'oubli des populations racisées dans la lutte écologique contemporaine. Cette idée sera mise en lumière tout au long de l'essai grâce à la métaphore filée qui courra tout le long de la démonstration : le navire négrier. Malheureusement, si cette démonstration de forme semble opportune, elle semble être le but du livre et empêche le discours analytique de prendre toute la place. On manque alors de matière et les répétitions d'idées sont nombreuses, la forme et la métaphore étant non plus le vecteur du discours mais son but
.
A mes yeux, le discours scientifique est souvent remplacé par un pathos fort présent qui aurait pu prendre une autre forme mais surtout non nécessaire pour faire sentir l'injustice et l'horreur de la traite des esclaves.
Parfois les idées et les discours vont jusqu'à supplanter les faits historiques. Par exemple lors de la description d'une victoire de Toussaint Louverture sur les forces coloniales, Toussaint Louverture s'est caché avec les autres forces rebelles dans les montagnes en attendant la venue de la saison des pluies et donc des moustiques, favorisant le développement de la fièvre jaune chez les colons qui n'y sont guère habitués. Il est alors écrit que les moustiques et la population haïtienne s'allient pour repousser les colons. Mais je ne pense pas beaucoup m'avancer en affirmant qu'il est malaisé de démontrer une quelconque volonté des moustiques de s'allier à qui que ce soit pour débouter les Occidentaux (il est bien connu que les moustiques détestent tout le monde, la soif de sang et nous empêcher de dormir la nuit étant leur seule raison de vivre).
Ainsi, bien que ce sujet aurait pu être brillant et donner lieu à une superbe démonstration, la rigueur scientifique est très rapidement remplacée par une forme prenant toute la place et des idées qui ne prennent pas assez corps sur la réalité.