Ce livre pourrait être comparé à un roman choral se déclinant en sept chapitres qui sont autant d’histoires différentes au service d’un même fil rouge : le naufrage du Koursk, sous-marin nucléaire russe disparu en mer en 2000 avec ses 118 hommes d’équipage.
Pour info, c’est seulement la première partie du livre, mettant en scène la mère du narrateur qui par ses dons de guérisseuse, apaise les douleurs de Staline, qui a servi de thème au film du même nom (qui mis à part une prestation de qualité de André Dussolier, n’offre aucun intérêt)
Les autres personnages apparaissent de façon un peu éparse en fonction de la nécessité du récit : deux amis recrutés par le KGB, coincés entre leur hiérarchie et les puissants oligarques, enrichis sous Boris Elstine – Pavel, un professeur d’histoire - et ses deux amis Boris, pêcheur et Anton, sous-marinier – Vania, jeune lieutenant sous-marinier, qui raconte depuis le sous-marin l’agonie de celui-ci – le président russe lui-même, surnommé la belette, qui va accréditer la thèse d’une attaque américaine pour justifier la perte de son navire – les parents de Vania et des autres marins et leur incompréhension devant le silence des autorités et leur douleur de ne pouvoir récupérer les corps des disparus.
Terrible roman que celui-ci qui nous décrit une Russie effrayante, implacable, sans l’once d’une humanité lorsqu’il est question pour elle de défendre sa réputation.
C’est un désaveu de plus pour la Russie de Poutine engoncée, aujourd’hui, dans des affaires de corruption, de piratage électronique, d’ingérence dans les affaires d’Etats tiers, de dopage sportif à grande échelle, d'empoisonnement de dissident, etc… et il est particulièrement angoissant de se dire que quel que soit le régime en Russie, la gestion du pays ne varie pas : intimidations et mensonges restent les deux crédos absolus.
Ce livre est parfaitement documenté et semble en tous points crédible mais Marc Dugain prend nettement position sur les causes du naufrage. C’est son droit, mais aucun rapport officiel n’a, à ce jour, encore accrédité aucune thèse. La seule chose qu’on peut en déduire c’est que lorsque l’on navigue dans les eaux troubles de la politique aucune vérité n’est en vue.