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Livre découvert par hasard, d'une auteure que je ne connaissais pas mais d'un thème et d'une époque qui me plait. L'édition de Marchialy est très belle, donc je saute le pas.


Elisabeth "Titayna" Sauvy est grand reporter française dans les années 1920 et 30. Aventurière dans l'âme, elle a la bougeotte et parcourt le monde à une époque où on ne faisait pas Paris-Bucarest en 2h avec Ryan Air, mais plutôt en 12 jours dans un coucou les cheveux aux vents. Quatre de ces récits sont présents dans cette compil : un premier où elle rencontre les tribus d'Indonésie, le second où elle suit les rites funéraires en Perse, un groupement d'anecdotes sur la prohibition aux USA et enfin une brève autobiographie.


Force est de constater que malgré ce qu'elle répète à longueur de pages, elle sait écrire. Par moment, elle fait preuve de beaucoup de lucidité sur l'avenir de son métier (l'abondance de l'information dans les médias, "tout le monde est journaliste" déplore-t-elle), l'avènement du tourisme de masse et l'uniformisation du monde.



Aucun regret n'arrêtera l'évolution du monde vers la grande uniformité
et la conduite de sa transformation ne sera jamais confiée aux poètes.



Elle exècre l'uniformité et la banalité du quotidien "métro-boulot-dodo" des occidentaux, et surtout leur manière de l'imposer ailleurs. C'est d'ailleurs dans ce registre de critique de notre civilisation qu'elle est la meilleure, notamment dans le premier texte. Elle prend souvent le parti des prétendus "sauvages" (elle va même jusqu'à défendre le cannibalisme) et s'oppose aux occidentaux qui veulent leurs faire adopter des coutumes ou des religions qui ne sont pas les leurs. Cet article, qui donne son titre au bouquin, est de loin le meilleur du recueil.



Les touristes, comme les fourmis, arrivent pour dévorer les morts.



Dans "La Caravane des Morts", son ouverture d'esprit semble s'être volatilisée. Si elle dit aimer la Perse, on comprend bien qu'elle n'aime ni ses habitants, ni sa religion. Elle n'y va pas de main morte puisque tous ceux qu'elle croise sont menteurs, voleurs, peu fiables, cupides, fanatiques. Les femmes sont laides, les villes sales, la bouffe insipide, et les enfants viennent vous tourner autour tels de petits animaux... Mouais, le voyage a été aussi désagréable pour moi qu'il l'a vraisemblablement été pour elle...


"10000km à bord des avions ivres" est une courte collection d'anecdotes dispensables, et "Mes Mémoires de Reporter" est intéressant au début mais vire rapidement à l'énumération de ses rencontres de personnalités célèbres, desquelles elle semble d'ailleurs tirer une grande fierté.
Cette fierté s’additionne parfois avec un brin de supériorité, de celle qui a tout vu et tout compris.



Parce que je fais partie de cette collectivité, je pressens ses
oscillations ou émotions avant même leur naissance, alors qu'elles
échapperaient à un observateur indépendant.



Elle prend aussi un malin plaisir à mettre en scène la difficulté de son périple, puisque tous les 3 pages elle souffre le martyr, est alitée suite à une longue maladie, n'a pas mangé depuis 5 jours, s'est évanoui, a survécu au crash de son avion...
Elle fait souvent du sensationnel et ça m'a déplu. Sa participation par la suite a tout et n'importe quoi (publicités, reportages bidonnés, journaux collaborationnistes, vol d'antiquités...) laisse quand même penser qu'elle était prête à faire de l'audience par tous les moyens.


Une femme chez les chasseurs de têtes est un bon récit de voyage (surtout dans sa première partie), qui présente une personnalité forte mais qui peut agacer par moment.

adrock
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Créée

le 29 déc. 2019

Critique lue 84 fois

adrock

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Une femme chez les chasseurs de têtes
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Critique de Une femme chez les chasseurs de têtes par adrock

Livre découvert par hasard, d'une auteure que je ne connaissais pas mais d'un thème et d'une époque qui me plait. L'édition de Marchialy est très belle, donc je saute le pas. Elisabeth "Titayna"...

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