A l'évidence, la Danoise Maren Uthaug n'a peur de rien et semble se réjouir de jouer avec un certain nombre de tabous liés à la mort, y compris la nécrophilie. Il ne faut pas le cacher, certains aspects de Une fin heureuse mettent mal à l'aise, même avec une belle pincée d'humour noir pour faire passer l'outrage. En racontant la dynastie des croque-morts d'une famille danoise à travers les siècles, jusqu'au dernier, pas le moins dérangé, c'est à une saga haute en couleurs que la romancière convie ses lecteurs, dans la découverte de personnages qui exercent tous leur métier avec une certaine singularité, pour ne pas dire excentricité. Un livre constamment passionnant parce qu'il prend le pouls de chaque époque traversée, avec une abondance de détails sur l'évolution de la société, des mœurs et des rites funéraires au fil du temps, et en abordant sans défaillir les différentes épidémies qui surgissent ou encore la sombre période de l'occupation allemande. L'autrice n'y va pas de main morte, c'est le cas de le dire, quand il s'agit de narrer les relations entre les membres de cette caste aux manies, vertus et vices évoqués en grandes pompes (funèbres). Et pour notre plus grand bonheur, l'alternance des tonalités côtoie les extrêmes, de la poésie (le croquemort qui dialogue avec les défunts) au sordide. Une lecture pleine de vitalité et de sensations pour les heureux mortels que nous sommes.