C'est un aveu : même en correspondant beaucoup, n'écrit pas un roman épistolaire qui veut. Le problème d'Amélie Nothomb c'est précisément ça : ce n'est pas un roman épistolaire, c'est davantage une juxtaposition de lettres presque sans fond, effleurant seulement les thèmes chers à la romancière, la bouffe, côté grand dégueulasse à la métaphore, ici, neuneu. Elle tente bien de tisser une toile posant la question sensible du mensonge. Est-ce un crime lorsqu'il n'y a aucun préjudice ? Quelle est finalement la limite du pouvoir d'un écrivain - en filigrane ? Cependant, tout est désamorcé aussitôt, retombant comme un soufflet - et, ah ah, on reste sur notre faim.
On prend plaisir a lire ce livre, c'est indéniable, parce que Nothomb use de ses habituels artifices devenus sa marque de fabrique : humour un brin cynique, écriture éclaire et sautillante, un sens du découpage des chapitres a l'américaine, id est courts et avec un sens prononcé du cliffhanger. Pétard mouillé, comme pour l'obèse derrière un front factice, Nothomb arnaque. Nous lecteurs ne sommes que le niveau deux de la supercherie, c'est triste.
Sujet désuet, manichéen sans le faire exprès, ce qui est encore plus regrettable. Le titre est bien choisi en revanche : une forme de vie. Grande, grosse, la forme qui fuit lorsque la forme se déforme. La vie qui s'éteint lorsque la vie grandit, exister a travers une forme de communication, d'interaction. Et puis aussi, le sabotage par le trop plein, trop lisse, pour un roman un peu trop vide. C'est l'histoire d'un mensonge, et ça résume tout.