Réhabilitation d'une nerd
Je suis loin de porter Nothomb au pinacle, mais je l'aime bien. Je refuse qu'on la mette dans le même panier que Levy, Musso ou Gavalda. Ses bouquins se lisent vite et bien, ça excite parfois la réflexion, même si le plus souvent ça se contente d'être sympa sans être révolutionnaire. Pour la cuvée 2010, cette stakhanoviste de l'écriture m'a cependant agréablement surpris.
Le pitch est simple, et on n'en dira pas plus : l'auteur entame une relation épistolaire avec un soldat obèse stationné en Irak.
Si cette relation, son déroulé, et son dénouement sont évidemment de l'ordre de la fiction, pour le reste, on est vraiment dans un roman autobiographique, une véritable introspection. L'auteur s'y dévoile beaucoup, avec notamment son rapport au langage, à l'écrit, et sa passion pour la relation épistolaire.
Oui parce qu'Amelie Nothomb est une fuckin' nerd. Sauf qu'elle n'a pas découvert l'outil informatique, donc elle est nerd en mode XIXe siècle. Elle n'utilise pas facebook ou IRC, non, elle préfère tisser des relations épistolaires avec des centaines de personnes, car "la lecture permet de découvrir l'autre en conservant cette profondeur que l'on a uniquement lorsqu'on est seul."
J'ai aimé l'approche de ces thématiques filées du rapport entre langage, écriture et réalité. Le rapport à la tangibilité des relations amicales n'est pas pour elle forcément liée à la présence ou l'incarnation physique, c'est le langage qui est prépondérant, "pour moi le plus haut degré de réalité" confesse-t-elle. Une epic nerd, je vous dis.
Bref, c'est court, ça se lit vite et les thématiques sont intéressantes même si ça ne rentre pas assez dans le détail (comme d'hab).
En tout cas pour moi, le meilleur Nothomb depuis longtemps.