Du rêve oriental au cauchemar colonial
Dès ce premier ouvrage, Orwell se montre fin portraitiste de la réalité sociale. Ici, le colonialisme anglais dans la Birmanie de l'après première guerre mondiale.
Portrait peu flatteur mais certainement très lucide, qui montre le caractère profondément corrupteur des esprits de cette forme de la domination.
On en apprend plus dans ce roman, sur certaines des racines psychologiques de la domination marchande, que dans beaucoup de laborieux livres d'histoire et de sociologie.
On ignore généralement qu'Orwell est né en Inde où son père appartenait à l'administration coloniale et que même s'il revint très vite en Angleterre où il fit ses études, couvait en lui dans sa jeunesse des rêves d'orient. Pour accomplir ce rêve, il n'hésita pas à prendre l'uniforme et fut affecté à la police impériale en Birmanie.
Ce roman rend fort bien compte de la hauteur de sa déception et de sa prise de conscience de la terrible médiocrité et mesquinerie de la vie coloniale et de la nuisance de l'impérialisme britannique. Prise de conscience qui fut certainement fondatrice de son évolution et de ses choix ultérieurs. C'est donc bien à partir de sa propre expérience qu'Orwell décrit cet univers sclérosé où frustration et racisme vont de pair et qui contenait en lui-même sa propre destruction. Ce que cet ouvrage paru en 1934 annonçait déjà assez clairement.