Bien loin des dystopies qu'il écrira plus tard, Orwell dépeint ici un portrait du colonialisme britannique en Inde (ou plus précisément en Birmanie) dans toute son obscénité: médiocrité et cynisme des colons britanniques, conspiration, sans oublier la corruption.
Ce que j'ai particulièrement trouvé intéressant dans ce roman est la description des rapports hiérarchiques entre les races. Au sommet de cette pyramide se trouvent bien entendu les Britanniques, suivi des Chinois et des Indiens et tout au bas, les indigènes birmans considérés comme des moins que rien par leurs maîtres coloniaux.
On y retrouve aussi le complexe du colonisé à travers Veraswami, un docteur indien méprisant les siens et vénérant les Britanniques tels des divinités malgré le mépris manifeste que ces derniers lui portent.
A l'opposé se trouve U Po Kyin, un Birman peu éduqué mais ayant tout compris des failles du système colonial britannique et identifié les faiblesses des Occidentaux. Tout cela lui permet de rapidement grimper l'échelle sociale tout en piétinant les siens.
Bien que fictif, il ne faut pas oublier qu'Orwell a servi dans l'armée des Indes et été justement affecté en Birmanie. Cela ne m'étonnerait pas que les personnages aient été inspirés par des individus qu'Orwell a rencontré lors de son séjour. Ce roman transpire le vécu. A vrai dire, ce bouquin m'a quelque peu rappelé le passage en Afrique dans "Voyage au bout de la nuit" de Louis Ferdinand Céline (en plus élaboré évidemment).
"Une Histoire Birmane" est loin d'être le roman le plus connu d'Orwell mais il est à ce jour mon préféré de cet auteur (j'ai toujours préféré les romans "classiques" d'Orwell à ses dystopies). J'ai dévoré les 300 pages en quelques jours. Je recommande chaudement cet oeuvre à tout mordu d'Histoire, passionné d'études postcoloniales ou aux amoureux de l'Asie.
PS: Si quelqu'un connaît des oeuvres ayant la même thématique mais dans le contexte du colonialisme français, je suis preneur.