Une histoire des abeilles, de Maja Lunde, c'est un roman assez atypique. Anticipation, fiction historique et roman social se mêlent pour donner un récit plutôt linéaire autour d'une même bestiole rayée, l'Abeille. Avec un grand A, car c'est bien elle qui est le personnage de ce livre.
L'histoire débute avec Tao, une mère de famille, dans le Sichuan, en Chine, en 2098. Elle pollinise les fleurs à la main. C'est son métier, comme des milliers d'autres chinois à l'époque. Car les abeilles ont disparu de la surface de la Terre, comme la grande majorité des animaux. Le lecteur découvre ensuite William, en Angleterre, en 1851. Il se découvre une passion pour les abeilles et rêve d'inventer une nouvelle ruche qui permettrait de les observer et mieux les comprendre. Et puis vient George, un apiculteur étasunien en 2007, qui va se retrouver confronter aux prémices du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, le mal qui précipitera la chute de la biodiversité.
Dans une écriture simple, sans accroc, Maja Lunde livre une dystopie qui se trouve à la frontière du réel. Si aujourd'hui les signes scientifiques se multiplient pour avertir l'humanité du désastre qui se produit sous ses yeux, l'autrice réussit le pari d'en écrire une vision crédible. Car le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles est un mal déjà bien connu des apiculteurs, rien n'est ici inventé. Et que la disparition de ces petites bêtes bourdonnantes est redoutée par les spécialistes, et ce, malgré l'absence de consensus scientifique sur le sujet actuellement.
À travers trois rapports personnels aux abeilles, Maja Lunde laisse le lecteur s'engouffrer dans des histoires qui dépassent les simples protagonistes et qui, in fine, met en jeu bien plus que leurs intérêts personnels. La linéarité du récit se révèle alors, un peu tard peut-être, et finit avec une touche d'« espoir » bien méritée pour le lecteur.