Michel Pastoureau nous fait remonter le temps pour atterrir au Moyen-âge. Ce n’est aborder de manière habituelle, ou en tout cas, je n’en ai pas l’habitude ; c’est une autre manière de raconter bien plus immersif faisant intervenir un soupçon de passion. Michel Pastoureau ratisse large et aborde des thèmes nombreux, détaillés et rarement décrie aux novices et simples curieux avec un tel niveau de détails.
Il développe par exemple quelques métiers (charbonnier, bûcheron, tanneur, teinturier ...) avec leur valeurs, leur fonctionnement et ce qu’ils incarnent dans la société et le quotidien de l’époque. La foule de détails sur ce simple sujet (matériaux utilisés, lieux de production, dates et évolution, etc.) est fascinant. Je ne vous parle pas des couleurs et du dossier que nous livre Michel Pastoureau avec les évolutions techniques, scientifiques et théologiques de celle-ci et des détails qui fourmillent à chaque page. Ces exemples des métiers et des couleurs sont quelques sujets du livre mais tous sont passionnant.
L’auteur a réussi à écrire un livre d’histoire vraiment exceptionnel. C’est bien sur par la qualité de son travail (le nombres d’annotations et de références bibliographiques élevé justifiant quand même qu’il a bûcher son sujet) mais c’est aussi par le ton qu’il emploie. Il n’est jamais hautin envers d’autres domaines (au contraire. Alors que son domaine de prédilection, l’héraldique, a souvent été moqué), explique toujours en détails et ainsi vulgarise des sujets pointus.
Je me souviens d’une note expliquant les pièces des boucliers du XI eme siècle (formes, héraldique, pièces…). Je ne sais pas pourquoi mais j’ai été fasciné de connaître ces détails dans mon bus en sortant de mon travail. Sur bien des sujets, il se permet de faire des écarts et exprime en quelques mots un avis sur des études antérieurs manquant de rigueurs, ou bien à l’inverse, regrette que des études n’ont pas déjà été effectuées sur tel sujet (par exemple, emploi et mise en scène des couleurs dans les églises). Ces phrases subjectives amènent un ton honnête au livre. Elles ferait presque avouer à Michel Pastoureau sa déception au vue de l’attrait que porte certains sur le Moyen-Âge (c’est ici mon impression personnel).
Pour finir, je terminerais sur l’architecture du livre. Au début, les gros dossiers sont entamés à propos des animaux, des couleurs, des échecs et leur foules de détails ; alors qu’à la fin du livre, pointe trois petits chapitres de quelques pages chacun ( le bestiaire des fables de La Fontaine, El Desdichado de De Nerval et Ivanhoé de Walter Scott ). Il était agréable de les lire. Beaucoup moins lourds à appréhender, ils ne sont pas en reste de détails et d’analyses et le travail de recherche de l’écrivain se fait tout aussi sentir que sur les autres chapitres plus conséquents. Ces « résonances » clôt formidablement bien le livre avec quelques sentiments personnels de Michel Pastoureau.
« Histoire symbolique du Moyen Âge occidental » est un très bon ouvrage à qui souhaite creuser cet époques pleines d’idées reçues. Il faut porter un minimum d’intérêt a cet période, tout de même. Le livre donne un autre point de vue sur la société et les échelles de valeurs de l’époque. L’auteur n’oublie pas d’appliquer aussi un regard bienveillant que ce soit au lecteur ou à l’Homme du Moyen-Âge. Novice curieux , je sais que j’ai terminé un livre sur l’époque médiévale mais ce livre a réussi à vouloir m’en faire lire d’autre.