C'est une autobiographie qui se cache derrière ce titre paradoxal, qui mérite explication. L'histoire de sa famille est liée de très près aux grands acteurs de l'impressionisme, Berthe Morisot, Edouard Manet et Jean Renoir. Cet héritage s'est avéré un peu lourd à porter pour un jeune homme aux grandes ambitions littéraires, qui s'avérait être un piètre élève, le baccalauréat constituant pour lui un obstacle étonnemment relevé pour quelqu'un de son calibre et de son milieu culturel.
Comme dans le Goût du malheur, il parle de la difficulté à être heureux, même quand la vie vous donne a priori tous les ingrédients pour y arriver ; aussi peut-on s'interroger sur la part auto-biographique de ce roman qui a précédé ce livre : s'était-il déjà partiellement décrit dans Hugo Fortis ?
Aussi, commence-t-il le présent ouvrage par une recherche sur un peintre impressionniste qui a connu a son paroxysme ce genre de difficultés existentielles, Léopold Robert, qui semble avoir hanté sa vie. C'est cela qui le place, dans l'incipit de ce livre, à Venise, lieu où se retrouvait Hugo Fortis dans le Goût du malheur, et incontournable dans les livres de son modèle littéraire et journalistique, par ailleurs son coreligionnaire à l'Académie française, Jean d'Ormesson.
Il décrit son admiration pour ce dernier et le déchirement d'avoir eu à rompre avec lui leur collaboration au quotidien Le Figaro, suite à son rachat par le groupe de Robert Hersant, que d'Ormesson décrit par ailleurs dans le Rapport Gabriel. Jean-Marie Rouart partage avec lui le goût des femmes, de la littérature, de la culture et d'une manière dillettante - au moins, voire surtour en apparence - d'y goûter, mais ne truffe pas ses écrits de références littéraires, philosophiques et historiques comme son maître, ce qui peut parfois un peu irriter chez lui, mais que son sens de l'humour et de l'auto-dérision compense assez nettement selon moi.
Ce livre est assez riche, intéressant et un peu amer. Il m'a presque donné envie de prendre l'auteur par l'épaule pour le réconforter et lui dire, un peu à la manière de Jean d'Ormesson, "C'était bien".