L'ouvrage aborde entre autres choses les conditions d'arrivée (départ le plus souvent subi, répondant à une stratégie économique familiale, et dans des conditions de passage précaires pour lesquelles iels n'étaient pas préparé-es), les déterminants des choix de métiers des différentes générations (au delà du commerce de gros, des bars tabacs et de la restauration, l'ouvrage aborde par exemple la domesticité ou la confection comme enclaves à l'abri des contrôles de police pour les primo-arrivants sans papier ne maîtrisant pas la langue). L'enquête s'attelle surtout à dévoiler le racisme auquel cette communauté a été (est) confrontée, mais aussi comment elle y a répondu au fil des générations et des expériences de contestation politique, se coulant peu à peu dans le moule de la grammaire contestataire à la française, trouvant des relais politiques et médiatiques pour y exprimer ses attentes.
Mention spéciale a l'histoire de l'action avec la CGT pour la régularisation des sans papiers, à celle de la transition du commerce de gros de Belleville à Aubervilliers, et à ces fragments d'histoire personnelle qui jalonnent le livre, comme celle de cet adolescent qui, arraché à ses grands parents à 12 ans, rejoint ses parents qu'il ne connaît pas dans une France dont il ne sait rien