Un très bel opus des Rougon-Macquart qui exalte la passion amoureuse dans tout ce qu'elle contient de puissant, de fragile, d'imprudent et d'éphémère.
Hélène, jeune veuve mère de Jeanne, une enfant maladive et possessive âgée d'une dizaine d'années, vit à Passy, aux portes de Paris, depuis deux ans. Son appartement, à la fois bourgeois et modeste, lui assure un asile protecteur. Dans ce cocon, pas grand chose ne l'atteint, ses heures sont partagées entre ses travaux d'aiguille pour les pauvres, les soins apportés à sa fille de complexion délicate et de tendres songes nés du spectacle de Paris étalé à ses pieds, tour à tour agité ou paisible. Sa rencontre inopinée avec le Dr Henri Deberle, à la fois son voisin et son logeur, va bousculer sa quiétude et insérer dans sa vie linéaire une page d'amour.
J'ai beaucoup apprécié ce tome des Rougon-Macquart. Malgré la maladie de Jeanne, éprouvante à contempler, j'y ai trouvé une grande douceur dans la narration et une belle lumière dans les superbes descriptions qui sont faites du Paris d'avant les grands bouleversements urbains. Une grande poésie se dégage de la plume de Zola sans toutefois tomber dans les débordements emphatiques que j'ai pu regretter par exemple dans "Le rêve" ou "La faute de l'abbé Mouret". Je me suis tout de suite fortement attachée au personnage d'Hélène que j'ai trouvée belle dans sa simplicité et son innocence. La découverte du sentiment amoureux, puis du désir, de la jalousie et enfin de l'amertume, est parfaitement décrite par l'auteur, dans une analyse à la portée de toute personne ayant déjà éprouvé ces émotions.
Bien que le drame guette le lecteur au détour de chaque page, le récit est riche de belles luminosités, sans compter les fascinantes descriptions se rapportant au mode de vie bourgeois, dans l'intimité des foyers et le faste des mondanités.
A ce jour, l'un de mes Zola préférés.