D'abord interpellée par le champ lexical que Zola développe lorsqu'il raconte la relation entre la fille et sa mère, truffé de mots normalement associés à une relation amoureuse, passionnelle, c'est surtout le ton sarcastique voire cynique de la narration qui donne au roman une certaine cruauté tant il est réaliste et crédible. Surtout, on ne peut que saluer les procédés utilisés avec subtilité par Zola pour nous immiscer avec justesse dans la psychologie de Jeanne et d'Hélène, sans tomber dans la caricature.
Tous ces choix ne font que souligner la relation profondément malsaine qu'ont ces deux protagonistes, foncièrement dévastatrice pour elles deux. Pourtant, on la comprend facilement: la mort du père de Jeanne et ses épisodes maladifs fréquents n'ont que pu tisser une relation extrêmement fusionnelle, privilégiée et exclusive.
Justement, c'est là où le génie de l'auteur réside: je n'ai pas réussi à détester Jeanne ou Hélène, leurs deux comportements étant complètement compréhensibles. C'est là l'humanité du livre et le brio de Zola qui nous immisce dans la psychologie profonde des deux personnages qui sont autant à plaindre qu'à blâmer.
"Toujours les autres cessaient de l'aimer les premiers. Ils s'abîmaient, ils partaient ; enfin, il y avait de leur faute. Pourquoi donc? Elle ne changeait pas, elle. Quand elle aimait, ça durait toute la vie. Elle ne comprenait pas l'abandon. Cela était une chose énorme, monstrueuse, qui ne pouvait entrer dans son petit coeur sans le faire éclater."